Les ermites nomades de Thaïlande
Les moines bouddhistes " dhutanga ", appelés " tudong " en Thaïlande, se consacrent à la vie errante comme à l’époque de Bouddha. Ils voyagent à pied à la recherche d’endroits propices à la méditation. Ils résident en plein air (abbhokasikanga), de préférence dans les forêts (arannikanga) et au pied d’un arbre (rukkamulikanga). Leur code de vie ne présente pas de caractère obligatoire. L’objectif est la simplification des besoins, il ne s’agit pas de pratiquer des mortifications.
De nos jours, il n’est pas rare de rencontrer des moines dhutanga en Thaïlande, le mot thaï " tudong " qui les désigne signifie " errer ", " partir " en pérégrination. Les tudong sont les derniers représentants de l’antique sagesse des philosophes errants de la trempe du Bouddha Siddhârta Gautama. Ils ne se soucient pas de fonder des institutions bouddhiques prospères et des centres de loisirs méditatifs où tout est tarifé.
Le moine Thaïlandais Ajahn Chah était un authentique tudong. Sa vie exemplaire et sa réalisation spirituelle ont suscité de nombreuses vocations de moines dans la Tradition de la Forêt des Anciens, des Théra. Les disciples occidentaux de Ajahn Chah ont créé plusieurs monastères en Europe. En 2000, j’ai eu la possibilité de séjourné quelques jours au monastère Dhammapala de Kandersteg en Suisse. Il n’y a pas de gourou et d’enseignement payant, tous les religieux respectent le conseil du Bouddha :
" Ne vous contentez ni des rumeurs, ni de la tradition, ni de coutumes immémoriales, ni de l’autorité de textes sacrés, ni d’une supposition, ni d’une déduction logique, ni d’une preuve sûre, ni d’une inclination naturelle pour telle ou telle idée après y avoir réfléchi, ni des compétences d’autrui, ni de la pensée " le moine est notre maître ". Quand vous savez en vous-mêmes que " ces choses sont saines, irréprochables, conseillées par celui qui est sage, et qu’une fois adoptées et mises en pratique, elles procurent bien-être et bonheur ", alors vous devriez les pratiquer et vous y tenir… "(Kalama sutta)
Malheureusement, les moines, qui perpétuent en Occident la vieille misogynie bouddhique, sont attachés à des préjugés anachroniques démontrant ainsi que l’éveil libérateur tarde à se manifester malgré leurs méditations et les sages conseils du Kalama sutta.
Le père fondateur de leur ordre n’avait pas hésité à rejeter le système des castes, la croyance en l’Atma, le ritualisme des brahmanes… Pouvait-il aussi promulguer l’égalité des sexes dans une Inde qui abrogea récemment le sacrifice par le feu (satî) des veuves, par exemple ? De nos jours, les femmes réussissent dans tous les domaines de la société, la misogynie du clergé bouddhique est une offense à l’intelligence, c’est un reliquat de la barbarie patriarcale.