Wednesday, February 03, 2010

La controverse des ex moines





Christian Pose :

"Comme le nombre de SDF, de chômeurs, de citoyens pauvres en quête de vie alternative ou de vie nouvelle, augmente et que le filon des sans ressource et des sans terre est plus que jamais le grand objet du capitalisme, je vous propose un document original envoyé il y a quelques mois par l'anthropologue-sociologue "rotarien", tibétologue et ex-professeur chercheur à l'ESSEC, Marc Bosche. Ce document était protégé par la confidentialité. J'ai décidé, compte tenu de l'urgence sociopolitique, de la lever sans le concours de son auteur pour lequel je n'ai aucune estime. Marc Bosche soutient dans plusieurs de ses ouvrages des lignées de lamas tibétains laïcs parfaitement intégrées aux cercles du pouvoir néolibéral-néocon (PNAC) et du renseignement international (MI6, CIA, DGSE, etc...) dans la lutte contre le communisme et l'islam, ce n'est plus un secret pour personne. Des lignées établies en Inde, au Japon, à Taiwan, à Singapour, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie, en France et que je combats depuis de nombreuses années.

Je dénonce "le caractère exploitif" de ces lignées politiques tantriques traditionalistes (Karmapa, Kagyupa, Nyingmapa, Gelugpa) et sous lignées (familles Mindrölling, Kientsé, Kangyur ou Wangyal), monarchonationalistes, militaristes, bourgeoises et xénophobes, habilement protégées par les parements universitaires de la façade républicaine pour faire avancer ce que le monde pauvre a de plus en plus de mal à repousser, le fascisme et les régimes de servitude obligatoire...
Dans ce document apparaîtra le mot "kandro", mot tibétain désignant la femme lama. Il sera fait allusion, ici, à l'une de ces femmes, que je connaîtrai personnellement, habile maquilleuse d'intention spirituelle, exécrablement politique : Kandro Rimpoche, héritière des clans Mindrölling et Karmapa-kagyu, diva fasciste rotarienne de la diaspora tantrique. Bosche, dans son who's who, parlera également avec émotion et crédulité de feu Gendune Rimpoche, ex-directeur kagyupa du Bost, centre de formation auvergnat des euro-lamas, et que je rencontrerai alors que je me destinais à une vie de lama bouddhiste. J'abandonnerai cette voie. Gendune, intouchable monarque, se caractérisait par son élitisme politique et son sens très particulier de l'autocratie et du dirigisme qui sont les traits dominants du "maître spirituel" tibétain... Je l'apprendrai en Inde et en France avec quelques camarades pauvres, sans-abris, à mes dépends."

Marc Bosche :

"Vous m'avez fait sourire et réfléchir tout à la fois avec votre long message. Je crois comprendre à vous lire que vous n'aimez pas la posture élitiste bourgeoise et l'exploitation des autres qu'elle suppose selon vos idées. Je pense que vous avez sans doute raison sur bien des points. Je partage aussi votre sentiment sur la société de caste que le tantrisme bouddhique a maintenu.

Mais ma capacité d'indignation est plus limitée que la vôtre, c'est sans doute ma faiblesse ! Oui, la rencontre de Kandro était quand même une bonne rencontre, même si sa soeur et elle me faisaient sourire avec leur costume de nonne (tenue spéciale pour les sorties) modernisé par un designer italien connu. Kandro avait voulu moderniser l'habit en troquant le châle pour une veste rouge vif très pratique en première classe du train ! Très chic, et aussi seyant et joli, c'est vrai que de voir les deux soeurs avec leur veste rouge m'a fait sourire. A la réflexion on aurait presque dit deux jolies hôtesses Servair. Je pense que cet exemple de plus provoquera votre juste indignation. Comment vous dire, il me faut aussi sourire de tout cela, sinon ce serait très dur de lire précisément les rapports d'exploitation en permanence entre les classes, ou ici entre les castes.

Oui, c'était en effet lama Guendune qui m'a accueilli dans son monastère.
Et, oui, vous avez à nouveau raison lorsque vous pensez que je me suis laissé en quelque sorte séduire par cette complicité exploitive de caste entre universitaire et lama. Franchement j'aimerais vous donner raison sur toute la ligne, mais en réalité j'ai surtout beaucoup aimé la personne qu'il était. Je pense que ma vie aurait été moins remplie, sans cette rencontre, même si j'ai après bien souffert du système lamaïste construit autour de lui.

Comment dire, cher Monsieur, ma faculté d'indignation est bien émoussée comparativement à la vôtre, cela je le vois bien ce soir en vous écrivant ce message. La vôtre est intacte. Je vous en félicite. Mais il me faut vivre, être heureux quand même, même si tout n'est pas parfait entre chinois et tibétains, lamas et serfs, universitaires et masses populaires... Même s'il me faut accepter ma collusion collaborative de classe avec le vieux lama Guendun ! C'est important quand même de pouvoir regarder vers le passé, quelques années en arrière, et de voir des personnes qu'on a aimées, voire estimées, ou même révérées comme lama Guendune. Cela m'a aidé, et j'en connais d'autres aussi que cela a aidé. Ceci étant dit, je souscris pleinement à vos observations judicieuses sur le système lamaïste ou même bouddhiste en filigrane de leur présence en Occident. Mais je fais le distingo entre l'homme et la fonction, et je pense que vous ne serez pas d'accord non plus avec moi là dessus. J'ai aimé l'homme Guendune, même si le système qu'il a laissé ressemble aujourd'hui beaucoup à une organisation exploitive, pour dire les choses simplement.


"C. P0se a fait la démarche de vivre en moine errant pendant trois ans en Inde, et de découvrir de l'intérieur le traitement réservé, selon lui, aux humbles et aux pauvres par la diaspora lamaïste en exil.

Il semble avoir développé une vraie colère vis-à-vis du monde des rinpochés et voue aux gémonies les principales lignées sacerdotales d'origine tibétaine, en particulier la lignée Mindrollin (Mindroling ou Mindrölling) dans la proximité de laquelle il a vécu son ordination de moine. L'héritière spirituelle de cette lignée, Kandro Rinpoché (Khandro Rinpoché), qui est plutôt connue par ailleurs pour ses positions modérées, et en faveur des femmes, est ainsi la victime de cet auteur, qui la traite sans ménagement, en des termes à la fois excessifs et sans grande courtoisie sur la page Web "linked222" : "l'une de ces femmes, que je connaitrai personnellement, habile maquilleuse d'intention spirituelle, exécrablement politique : Kandro Rimpoche, héritière des clans Mindrölling et Karmapa-kagyu, diva fasciste rotarienne de la diaspora tantrique" (C. P0se). Même au nom d'une critique sociale, même au nom d'une expression libre, personne de sensé ne peut approuver, ni valider les termes inappropriés et regrettables qu'utilise leur auteur.

La colère est piètre conseillère car, si elle tend à donner une certaine acuité à la critique proposée par son auteur, elle accentue aussi ses aspects caricaturaux. Kandro Rinpoché, si elle s'expose à une critique sociale, de par sa place en vue dans l'establishment du bouddhisme himalayen, n'est pas pour autant une "diva fasciste rotarienne de la diaspora tantrique" comme l'affirme de manière péremptoire C. P0se. Cette formule n'a d'ailleurs pas beaucoup de sens, puiqu'elle ne s'applique pas à Kandro Rinpoché si on prend chacun de ces trois premiers mots au pied de la lettre. Rappelons pour mémoire que l'adhésion comme membre du Rotary Club était interdite aux femmes jusqu'en 1989 et que C. Pose n'a donc pas pu connaître une Khandro rinpoché rotarienne auparavant. Le mot "fasciste" devrait quant à lui être réservé à des usages d'une réelle évidence sociopolitique, car il perd tout son sens avec cet usage galvaudé."

Note de Marc Bosche :

C. P0se utilise volontiers la phraséologie de la "lutte des classes". Les termes de "réaction" et de "fascisme" apparaissent aisément et sans absolue nécessité sous sa plume un peu comme autant de "mantras", et sonnent donc bien souvent comme des incantations. Ses écrits situent le système sacerdotal d'origine tibétaine dans le camp des ennemis et des "réactionnaires", ils condamnent sans appel ceux qui s'y intéressent de près ou de loin ou qui ont écrivent que les choses ne sont pas clairement tranchées et dichotomiques, sinon manichéennes.

Son témoignage est utile aussi par ses ombres, par ses pleins moins que par ses déliés, pour comprendre la détresse qu'à pu engendrer un jour la confrontation d'un Européen avec les privilèges du système lamaïste. Il est intéressant à cet égard."

Marc Bosche ajoute :

"Khandro Rinpoché n'est pas le lama que j'aurais quant à moi tendance à "épingler" en priorité, dans la mesure où elle représente avec dignité le monde traditionnel du tantrisme bouddhique, dont elle s'est faite une interprète moderne. Ayant reçu tout à la fois une éducation de type occidental dans un collège catholique de sœurs en Inde et une éducation au bouddhisme tibétain donnée à la maison par son père Mindrolling rinpoché, elle dispose d'intéressants points de repères multiculturels. Il y a bien des lamas ou de nombreux aspects du système lamaïste qui seraient plus critiquables qu'elle à cet égard. Pour que les lecteurs comprennent bien que Kandro rinpoché n'est pas "une diva", dans le sens où on entend quelque personnage vaniteux, égocentré ou capricieux, il faut signaler qu'elle a été élevée dans le respect de strictes valeurs. Il y avait la vie en exil en Inde et ses conditions sociales, et un père qui veillait pendant son enfance à appliquer une sévérité certaine. Ainsi elle raconte qu'un jour (à l'âge des jeux d'enfants) après avoir aspergé la salle du temple des Mindrolling avec des bombes à eau, elle fut suspendue par les pieds à la fenêtre, la tête en bas dans le vide. Bien entendu nous ne trouvons pas que cette punition soit proportionnée ni acceptable, mais elle signale à tout le moins que ce n'était pas une enfant gâtée, qu'elle a même eu une éducation stricte, et qu'elle n'était pas encouragée à se prendre pour une "diva"".

Réaction de Christian Pose :

"Colère ? Non. Un sentiment de paix qui va à l'encontre de celui des clans bouddhistes tibétains Mindrolling, Karmapa-Kagyu, Nyngmapa, Gelugpa d'Inde et d'Europe et de qui les sert. Mon sentiment de paix n'est cependant pas partisan. Il est le fruit d'une lente approche. Cette lenteur ne relève pas d'un goût quelconque pour la lenteur. Elle résulte de ma condition sociale de démuni et de sans ressource. Cette lenteur s'est accrue tout au long de mon expérience et relève de la distanciation théâtrale maintenue par les Rimpoché, de leur goût pour les richesses, les dons, les offrandes, les réseaux d'influence, de leur goût pour la maîtrise sociale, commerciale, religieuse et politique, autre support de distanciation, autre facteur de lenteur.
A ceci s'ajoute un détail d'importance. Le consensus tibétain sur la laïcité et la définition de la laïcité.

Comme beaucoup de mes confrères et consœurs pauvres nous avons été soulevés par l'idéal du renoncement intégral que nous devions en grande partie aux traductions, sans doute peu fiables. Les conditions des bonnes traductions ne sont probablement toujours pas réunies. La tradition tibétaine ne dit-elle pas que seul un bouddha pleinement accompli peut traduire des œuvres tantriques ? Les traducteurs parisiens n'étaient pas à cette époque des bouddhas pleinement illuminés. Ils n'étaient, je crois, que des universitaires, des agrégés ou des normaliens, des profs ou des chercheurs, souvent riches et célèbres. N'est pas bouddha qui veut. Seriez-vous, Mr. Bosche, un bouddha caché ?...

Nous quittions, donc, un monde lourd en terme de contraintes institutionnelles, d'obligations, d'habitudes, de craintes, de dépendances, économiques, sociales, politiques, culturelles, familiales, sanitaires; des contraintes avec lesquelles nous souhaitions rompre. Nous mettrons du temps à découvrir la prison du nouveau monde. Et quelle prison !!.. Nous mettrons du temps à admettre que nous avions troqué à notre insu une laïcité pour une autre plus discriminante, plus autoritaire, plus égoïste, plus cruelle, plus violente, plus avide. Plus avide en terme de représentation (Gelugpa, Karmapa-Kagyu, Nyingmapa). Pourquoi tant de dissimulation au Tibet et en exil, de violence psychologique sinon physique, d'exclusion ?... Nous faisions la tragique expérience des monastères laïcs tibétains et des élites politico-religieuses de la révolution nationale armée tibétaine (ne nous y trompons pas, cet espace pour un homme libre ou de gauche, a fortiori occidental, est celui du nationalisme, du monarchisme totalitaire et du militarisme). Il s'agira bien, en fait, de contribuer à notre insu à la persistance d'un coup d'Etat politico-religieux pour la domination institutionnelle politique, religieuse, financière et commerciale, de quelques familles qui s'approprieront le Tibet - bien avant l'ère Mao tsé toung - par la conspiration, la violence, le crime et, plus tard, par la répression policière des idées républicaines puis communistes nourries ou inspirées par de nombreux lamas laïcs tibétains et républicains chinois - sans doute, pour quelques uns, pas moins bouddhistes; une répression policière, puis militaire nationale alimentée par un violent esprit de résistance et de combat, une responsabilité politique que le génocide dissimulera parfaitement tout en nourrissant une "légitimité révolutionnaire nationale" trompeuse au Tibet et en exil, Asie ou occident. Ici, il n'est plus question de vie religieuse pieuse, de détachement politique, de pauvreté évangélique ou de bouddhisme pacifique. Je ne découvrirai, personnellement, les contours de cette dissimulation que bien plus tard, en Inde, puis de nouveau une fois réduit à la clochardisation, en France, dans les rues de France; la mendicité, encore, mais pas la bonne, socialement discriminé et mentalement aliéné comme beaucoup de mes frères et sœurs. Certains finiront leur temps dans les HP et dans les bordels pour filles ou pour garçons. J'ai eu plus de chance, semble-t-il.

Je ne crois pas que Kandro Rimpoché que j'ai rencontré bien après 1989 soit politiquement une "modérée". Elle l'est a priori, "en danseuse" dans ses salons parisiens et français (grande yogini de salon en fait), anglais, canadiens, taiwanais, singapouriens, australiens, américains. En Inde, au quotidien, elle s'affiche avec ostentation aux côtés du pouvoir bancaire, commercial, politique, militaire ou policier.

Son monastère laïc familial de Clement Town, Dehra Dun, Uttar-Pradesh, doté de nombreux bâtiments, est situé au cœur d'une place forte d'artillerie et jouxte à une rue près celui du XIVème Dalaï-lama - la forêt mitoyenne de ce temple était hantée, la nuit, par les exclus de la diaspora et du système sociopolitique religieux : toxicos, alcooliques - les jeunes tulkus ou réincarnés imparfaits déclassés ne seront pas épargnés - et prostitués hommes; sa propriété de Jaripani est par contre celle d'une bourgeoise fortunée. Elle est située à 1600 mètres d'alt. aux pieds de Mussoorie "Queen of the Hills", station touristique des contreforts himalayens (2000 mètres d'alt. Uttar Anchal) hier (1959), lieu de résidence du XIVème Dalaï-lama et du gouvernement tibétain en exil. Mussoorie, mitoyenne de Landour (les deux communes reçoivent depuis des lustres la gentry anglo-indienne du Nord, l'Eglise catholique - John Birch, agent de renseignement US "martyr du communisme chinois", missionnaire baptiste d'extrême-droite et fondateur de la John Birch Society naîtra à Landour -, les hauts-fonctionnaires des armées et les célèbrités de Bollywood), abrite aujourd'hui outre une forte communauté tibétaine qui vit dans des conditions plutôt modestes et pauvres, l'E.N.A. indienne (Lal Bahadur Shastri National Academy of Administration).

L'hôtel de Jaripani de K.R. dont les appartements sont pavés de marbre trône sur le township indien où j'ai vécu et Oak Grove School, immense collège du secondaire des Chemins de Fer du Nord qui m'ouvrira ses portes un temps sous l'autorité bienveillante et généreuse de Mr. Pant (Headmaster) et de sa famille hindouiste pratiquante - qui comptera un saint et une lignée de sanskristes pauvres dans son histoire. Les Pant me reçevront dans leur appartement de fonction dépouillé et humble, pavé et habillé de ciment à l'indienne pour me reposer (sur un simple lit de planches, les Pant sanskristes réputés dans toute l'Inde disposeront d'un confort identique sous les bénédictions de Saïd Baba) et me remettre des mauvais traitements infligés par le clan Mindrolling et ses amis qui conspuaient par ailleurs l'hindouisme en rejetant ses pratiquants et ses saints dans les enfers du vajrayana.
Pas un seul paria de mes amis de Jaripani, de Mussoorie ou des faubourgs de Clement Town n'ignorait le niveau de corruption de la famille de "sleeping lama", le patriarche du clan Mindrolling... Mon ami brahmane Vickas Pant d'Oak Grove School, fils ainé des Pant et brillant économiste progressiste, avec qui j'échangerai tant de propos sur l'avenir et à qui je présenterai Noam Chomsky sur la base des "Lectures de Managua" et Cornel West "marxiste chrétien" sur celle de "La pensée prophétique" témoignerait sans doute en ma faveur s'il avait "à parler" de "madame" comme il disait en cherchant les mots qu'il ne trouvait jamais pour qualifier "le gouffre de sans-gêne de la tibétaine"... et qui étaient sans doute : "opportunisme monstre". Mes amis parias de Jaripani et les ouvriers intouchables hindouistes et musulmans de Oak Grove School avec qui Vickas Pant et moi-même partagions les rires et les repas, les prières, les souffrances, la vie, la maladie, la mort, disaient gravement "madame" et ne trouvaient pas non plus les mots qui convenaient pour qualifier son sans-gêne. Kandro Rimpoché disposait (et dispose toujours globalisation oblige) d'un patrimoine immobilier et mobilier très important.

Kandro Rimpoché, en Inde, voyage beaucoup, s'affiche beaucoup, parle beaucoup et prend le temps y compris avec les rotariens et les lion's libéraux, riches et politiquement influents, vérifiez donc. L'Inde du nord est à vous... Elle prend les intérêts de ses businesslamas autant que ceux du "pauvre XIVème" (que le peuple des townships appelle "talon d'or escamotable" ou celui qui passe de l'or aux frontières dans ses talons) très au sérieux. Kandro Rimpoché est violente avec "ses filles" (entendez ses nonnes) ou avec "ceux là", les indiens; violente comme sa famille l'est avec les tulkus de seconde classe "bons à jeter aux ordures, bons à la reproduction ou au commerce"... représentation, perfection, élitisme, honneur et gloire. Elle n'a pas non plus de doute quand il s'agit d'incendier, d'insulter comme une poissonnière ou de menacer de mort (tout comme ses lamas en France) quiconque se dresse sur son chemin. Kandro Rimpoché est réellement une femme lama réactionnaire, j'insiste, opposée à toute forme de changement quant au sens à accorder à l'autoritarisme politique, commercial ou religieux. Sans autoritarisme, du reste, point de tradition, en dehors du rite, la sanction...

Je crois, Mr Bosche, que vous avez eu droit à un traitement de faveur type, celui réservé aux élites républicaines françaises triées sur le volet, dans l'intérêt, bien entendu, de la famille Mindrolling, des Karmapa-kagyu ou de feu Gendun Rimpoche en France. Il est vrai que dans ce monde chacun apprend à vivre d'autrui. Certains font la manche sans vertu dans les rues indiennes été comme hiver, d'autres changent leurs dollars en robe de moine ou de nonne dans ces mêmes rues, vertueusement donc, en évitant les banques et les lois, dealent avec élégance : l'or, l'argent, les pierres précieuses, les montres, les bagues, les objets de culte dans le dos des douanes, parfois jurent et mentent, mais "chut!", immoralité professionnelle oblige, nous avons affaire à d'authentiques bouddhas tibétains, au joug d'or, golden yoke...

Par "fascisme" "j'entends ce que les juristes T. Fukase et Y. Higuchi nomment au Japon "fascisme du Tennô" (de l'empereur), un fascisme se caractérisant au Tibet par la volonté des rimpoché (lama, moine ou laïc de haut rang) d'imposer un service total pour le lama ("kokutaï" au Japon, service total pour le Tennô).

Le fascisme mondain tibétain (fascisme des communautés) organisé autour de la volonté du lama/idôles/déités et de sa généalogie (ancêtres, maîtres, familles, propriétés) implique un système qui organise la communauté des fidèles uniformément jusqu'au niveau de la vie quotidienne, éliminant graduellement toutes résistances et mobilisant la/les communauté(s), la région, la nation (?) à la guise du pouvoir religieux pour des raisons purement religieuses, politiques, économiques, parfois guerrières.

Les groupes institutionnels bouddhiques tibétains Gelugpa, Nyingmapa, Sakyapa, Karmapa, Kagyupa, agissant chacun comme un parti unique étatique; chaque formation se rassemblant pour soutenir la politique d'un Dalaï Lama, d'un Karmapa, d'un Panchen Lama, d'un chef religieux, familial, unique....
T.Fukase, Y.Higuchi diront (dans le contexte voisin japonais) "pour servir le Tennô, le souverain, la divinité vivante ou le dieu vivant..". (extrait de "Qui suis-je ?")"

Ici, qu'entendre par "divinité vivante" ou "dieu vivant"... C'est une question importante. Nous pouvons l'appréhender de plusieurs façons. Au regard de l'expérience et des croyances les "dieux vivants" tibétains, indiens, chinois ou japonais sont identiques. Ils se font appelés parfois kamis, esprits protecteurs, boddhisattvas ou bouddhas, divinités. Ils sont prêtres (shinto), lama ("dalaï" ne change rien) ou bonzes ("daï" ou" hosso" ne change rien), moines ou "parmi les laïcs" sans voeux monastiques. Il n'y a aucune différence en terme d'accomplissement ou de pouvoirs. Les différences sont culturelles ou linguistiques. Chacun est persuadé, dans sa sphère culturelle, de posséder une influence absolue ou planétaire que l'autre n'a pas. Les croyants adhèrent à ces hypothèses sur la base d'obligations dogmatiques ou d'expériences. Dans un contexte théocratique où la loi religieuse est celle de l'Etat "chacun" ou "chaque divinité" sera doté d'une personnalité juridique. Cette personnalité juridique, sera forte ou non, selon que la "divinité" est riche ou non (qu'elle perçoive ou non des richesses, des offrandes, des dons), qu'elle est servie, adorée ou non (le consensus ou le caractère d'obligation de la vénération, avec souvent superstition, n'est pas le même qu'il s'agisse d'une croyance à deux sans moyens ou d'une croyance liant entre eux, par les rites, les richesses et le personnel religieux, les habitants d'un village, d'une région ou d'une nation autour d'une même idole), régulièrement ou non (avec ou sans calendrier, avec ou sans temple), selon son lien au pouvoir territorial et religieux national, politique, économique ou même militaire. Juridiquement, les sujets et les dévots sont "tantôt serviteurs, tantôts propriétés des divinités ou des idoles (statues, temples ou personnes)" (Annoussamy). La conception du Dieu unique chrétien, comme de Jésus, est différente à mon sens. L'équivalent de "dieu vivant", du bonze, du prêtre shinto, du lama ou de l'idole tantrique institutionnalisés est sans doute le prêtre officiant, le moine, l'abbé ou le pape. Au regard de "la personnalité juridique de l'idole" et de l'emprise de cette dernière sur les sujets ou les dévots, je dirai que le stricte équivalent est "l'église et son pouvoir spirituel" ou "les églises" (avant les enthousiasmantes réformes contemporaines portées avec courage et détermination par les théologiens libres acostiens, décroissants illichiens, marxochrétiens boffiens ou sobriniens), ou encore les monastères. Les sujets et les dévots de l'église d'ancien régime n'ont pas davantage de liberté et sont bien tantôt serviteurs, c'est indéniable, tantôt propriétés des églises, les exemples dans le monde ne manquent pas. Dieu, par contre, toujours dans on acceptation chrétienne, est très différent et relève selon moi d'une autre démarche. En effet, l'église est crainte et de toute évidence, comme le monastère, dominatrice, autoritaire, intransigeante, voire violente, politique, et assujettissante. Elle excommunie les hérétiques et condamne toujours les réformateurs, juge sévèrement les "désobéissants", brûle leur réputation quand elle ne tue pas ou quand elle ne commande pas le crime. Au fond qui a tué Roméro et soeur Alice ?... Tant de sœurs et frères, nonnes, moines et prêtres, tant d'évêques... Or Dieu n'est pas à craindre car "l'objet spirituel Dieu" (relatif et absolu) consiste en un acte d'amour suprême sur la base non moins suprême de la délinquance spirituelle, de la désobéissance spirituelle, de l'arrogance spirituelle, du dédain spirituel vis à vis des "choses de ce monde", du pouvoir, par exemple, religieux, politique et territorial, de la propriété privée, de l'ordre, de l'or, de l'avidité bancaire, de la crainte du chaos, du désordre, de l'entropie. Les églises redoutent le passage de la stabilité à l'instabilité ? Pas Dieu... "Dieu est tout et un". Dieu ne craint pas. Il inspirerait même les hommes à l'imiter, à ne plus craindre le "père créateur" ce que redoutent, et l'on comprendra pourquoi, les "instances religieuses" du monde.

Le fils peut-il alors battre le père ? D'une certaine façon, oui, mais pas n'importe comment. Antoine le Grand (l'égyptien) nous a montré le chemin de cette liberté en Dieu ou "je ne crains plus Dieu". En ce sens Dieu est vivant, seulement en ce sens... par le désert, la pauvreté, la miséricorde. Je crois ceci... "


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