« À
la fin de la dynastie des Ming, la Chine était dans un tel état de
désagrégation sociale qu'il ne fallut qu'un coup d'épaule pour
qu'en 1644 les Mandchous, dévalant du nord-est, en prennent
possession et y instaurent la dynastie des Qing, la dernière
dynastie impériale. Confrontés à un problème démographique
simple — la population dont ils venaient de se rendre maîtres
était cinquante fois plus nombreuse que leur propre peuple —, ils
s'allièrent avec leurs cousins ethniques, les Mongols, et leurs
cousins religieux, les Tibétains.
Les
Mandchous pratiquaient en effet un bouddhisme tantrique très proche
de celui des Tibétains. Les lamas se virent dès lors gratifiés
de nombreux privilèges. En 1732, l'empereur Yongzheng, après
son accession au trône, fit don de sa résidence personnelle à une
communauté de moines tibétains : c'est ainsi que fut institué le
temple des Lamas que visitent tous les touristes qui arrivent à
Pékin, sans bien souvent s'interroger sur l'étrangeté d'un
sanctuaire tibétain d'une telle importance (il compta jusqu'à trois
cents moines) en plein cœur de la capitale chinoise. L'empereur
Qianlong, lui, alla jusqu'à se faire construire dans le secteur
ouest de la Cité interdite (actuellement fermé au public) un
véritable temple tibétain, le pavillon de la Pluie de Fleurs. Peu
soulignées en Occident, ces faveurs firent naître chez les Chinois
un sourd ressentiment, les Tibétains étant perçus comme les «
collabos » des envahisseurs mandchous, lesquels
multipliaient les mesures cruelles ou vexatoires envers les Chinois,
comme le port obligatoire de la natte sous peine de mort. »
(Cyrille Javary)
Aujourd'hui,
des dignitaires du lamaïsme mondialisé ne sont-ils pas des collabos
de l'impérialisme étasunien ? « Lentement mais sûrement,
constate Elisabeth Martens, les USA placent leurs bases militaires
autour de la Chine, là où le Dalaï-lama réunit des fidèles par
centaines de milliers : Taïwan, Corée du Sud, Japon,
Mongolie. Depuis peu, les États-Unis ont le projet d'installer
quelques bases navales supplémentaires en Mer de Chine orientale, à
proximité de Pékin. Actuellement, ils sont en pourparlers avec la
Mongolie pour implanter de nouvelles bases militaires dans les
steppes. » (voir la carte sur le site de « International
Institute for Strategic Studies » www.iiss.org/about-us
)