Monday, September 15, 2014

Vivre sans manger



Le jeune Ram Bahadur Banjan, proclamé « nouveau bouddha » par la dévotion populaire, doit une grande part de sa renommée à son extraordinaire abstinence alimentaire, réelle ou feinte...

L’inédie des yogis tibétains

Devant les journalistes venus l’interviewer, Matthieu Ricard, moine et interprète français du Dalaï-lama, se garde de révéler les secrets des yogis inédiques capables de vivre sans nourriture. Les escrocs et les gourous pullulent, ils sont toujours à l’affût d’une nouvelle malversation. La notoriété de Matthieu Ricard aidant, ils auraient vite mis sur le marché de la spiritualité « les secrets des yogis inédiques ».

La méthode existe, mais sa mise en pratique exige la maîtrise d’une forme spéciale de contemplation. Sans cette condition, le procédé des yogis tibétains jeûneurs s’avère inopérant et dangereux pour les plus obstinés.

Le lama Bonpö Tsewang Rigzin enseignait l’art de se sustenter d’énergie subtile. Les yogis apprenaient la technique respiratoire nommée « kumbhaka ». Ils maîtrisaient la contemplation de la nature de l’esprit, contemplation que les adeptes de la Grande Perfection appellent « trekchö ». Une médecine complétait l’ascèse. Sa forme la plus simple se limite à quelques grammes d’ARURA (Terminalia Chebula du genre des myrobolans), la panacée des tibétains. D’autres traditions tibétaines proposent des compositions médicinales complexes pour accompagner CHUNG LEN, l’ascèse alimentaire des yogis, des nangpa solitaires.


Pour rester en bonne santé, il ne faut jamais acheter des préparations médicinales portant la mention « Chung len ». Les aigrefins ne reculent devant rien pour s’enrichir, leurs poudres de perlimpinpin coûtent beaucoup plus cher que l’ARURA naturel en vente sur les marchés villageois de l’Himalaya.

Jasmuheen, la prophétesse du respirianisme, ne commercialise pas la technique de chung len, mais son goût prononcé pour l’argent et le channelling incite à la méfiance.

L’inédie de Mollie Fancher

Bien entendu, Jasmuheen, inédique du Nouvel Age, refusa les contrôles médicaux. En revanche, une véritable inédique fut observée en milieu hospitalier durant quatorze années.
Mollie Fancher n’était pas une inédique mystique comme Angèle de Foligno ou Catherine de Sienne. Elle avait pourtant des aptitudes médiumniques.

« Malade dès l’enfance, atteinte de tuberculose, elle cessa à quinze ans de manger. Parlant « d’indigestion nerveuse », les médecins lui conseillèrent de prendre de l’exercice, ce qui lui valut un traumatisme crânien après une chute de cheval. A dix-huit ans, invalide incurable, elle s’alita. Pliées sous elle, ses jambes se tordirent et s’atrophièrent, son bras se paralysa, elle devint aveugle. Totalement inédique, elle ne dormait pas. Sujette aux convulsions, elle demeurait sous contrôle médical permanent, avec garde de nuit, ce qui rendit impossible toute fraude alimentaire, pour laquelle n’existait d’ailleurs aucun mobile. Son médecin, le Dr Speir, lui administra des émétiques. « L’estomac ne rejeta rien, dit-il, prouvant ainsi qu’il était vide. » On tenta de la nourrir de force avec une pompe stomacale, mais « cela la jeta dans des convulsions et sa gorge se noua ». Naturellement, pendant ses quatorze années d’inédie, toutes les fonctions d’évacuation se trouvèrent interrompues, comme en témoignèrent les infirmières. L’estomac s’atrophia. Le médecin ne trouvait plus l’estomac à la palpation. Il conclut :


« Je peux dire avec certitude qu’elle n’a rien mangé pendant quatorze ans. Ce cas renverse toutes les thèses médicales existantes. En un mot, il est miraculeux. »


Jean Guitton, Jean-Jacques Antier, « Les pouvoirs mystérieux de la foi ».

Aimé Michel signale plusieurs cas de jeûnes « prodigieux » attestés par des autorités médicales :


- l’inédie de Janet MacLeod fut consignée dans les Comptes rendus de la Royal Society d’Angleterre ;
- le cas de Marie Fürtner fut étudié par le Dr Karl von Schafhäukl ;
- le jeûne inexpliqué de Joséphine Durand intéressa plusieurs médecins.

Les inédiques mystiques chrétiennes les plus célèbres du 20ème siècle sont Thérèse Neumann et Marthe Robin.