Sunday, September 14, 2014

Les sociétés secrètes, le Tibet & Hitler



Dans une vidéo intitulée « La vérité sur Adolf Hitler », le néonazi Vincent Reynouard dit : « Hitler était un génie du bien. (…) Le national-socialisme : un paradis... » ( La vidéo est censurée par You Tube mais pas par Dailymotion.) Reynouard participe à l'entreprise de relèvement du nazisme qui touche l'édition, une certaine presse et surtout Internet.

Depuis des décennies, des individus répandent l'idée qu'Hitler était un maître spirituel, un authentique initié. Savitri Devi, de son vrai nom Maximine Portas, voyait en lui le terrible Kalki annoncé par les textes sacrés hindous. Kalki est l'incarnation guerrière du dieu Vishnou qui doit mettre fin à l'actuel cycle de décadence et rétablir l'âge d'or en exterminant les ennemis de la « bonne loi ». Ce thème guerrier est au cœur de l'initiation de Kalachakra délivrée par le dalaï-lama lui-même. Pour les initiés de l'école tibétaine, Kalki devient Raudra Chakrin et c'est le vingt-cinquième roi de Shambhala.

Selon plusieurs auteurs, des sociétés secrètes, notamment une mystérieuse loge tibétaine, ont déterminé le destin de l'Allemagne et de l'Europe durant la première moitié du 20e siècle. Aujourd'hui, ces société secrètes influencent-elles l'Union européenne ? Nous voyons bien que l'Europe actuelle évoque d'avantage un ordre synarchique qu'une construction démocratique.

Mais revenons au 20e siècle. « Nous sommes à Paris en 1929, écrit Jean-Michel Angebert, au n° 36 de l'avenue Junot. Montons l'escalier de ce bel immeuble et arrêtons-nous au palier du premier étage. Nous voici dans l'appartement qui tient lieu de temple et de sanctuaire initiatique à la mystérieuse et très restreinte Société des Polaires, dont le nom rappelle curieusement les préoccupations hyperboréennes d'un certain parti extrémiste d'outre-Rhin.

Que recouvre au juste ce nom étrange, et d'abord, quelle peut être l'origine de ce groupe occulte ? Pour expliquer la genèse de cette troublante affaire qui nous entraînera fort loin, il faut remonter à l'année 1918, la même qui vit Adolf Hitler se lancer dans l'agitation politique.

A cette époque, un certain M. A... d'origine italienne, très versé dans l'ésotérisme, et de son métier directeur d'une importante firme industrielle, fit la connaissance d'un mystérieux personnage dont il vaut mieux taire le nom. La rencontre eut lieu en Égypte, terre prédestinée aux échanges magiques, s'il en fut.

Voici ce qu'apprit M. A... : lors d'un séjour en Italie, en 1908, notre personnage, que nous appellerons pour plus de commodité M. X..., eut la chance de rencontrer, dans un petit village de la région de Viterbe, un envoyé de la « Grande Loge blanche » du Tibet, plus connu dans le pays sous le nom de « père Julien ». Cet ermite peu orthodoxe vivait en marge des habitants du village avec qui il frayait peu et se faisait remarquer en n'allant pas à la messe... et pour cause, ajouterons-nous ! Cet homme, par son origine, disposait de grands pouvoirs. Il se présenta comme un envoyé de la Fraternité d'Héliopolis, cette confrérie de sages composée d'authentiques Rose-Croix, c'est-à-dire d'hommes ayant atteint le degré suprême dans la hiérarchie spirituelle. Ce « maître » eut tellement confiance dans son interlocuteur qu'il alla jusqu'à lui confier une méthode secrète de communication avec les maîtres de sagesse du Tibet groupés dans la loge de l'Agartha, cette cité mystique située au cœur de l'Himalaya, à l'abri de toutes investigations des profanes, et guidant les « grands» de ce monde dans leur tâche écrasante auprès des peuples de la Terre.

Cette méthode, M. X... avoua l'avoir expérimentée avec succès : il s'agissait d'une forme de communication télépathique transmise par le biais de l'écriture : véritable code cryptographique analogue à celui qu'utilisent les services secrets. Les messages ainsi transmis devaient, pour devenir intelligibles, être traduits au moyen d'une « clé » chiffrée dévoilée par le père Julien. Le nom de ce procédé éclairera peut-être le lecteur féru de sciences occultes, puisqu'il s'intitulait ORACLE DE FORCE ASTRALE. Le premier essai de communication révéla que le « maître » Rose-Croix « avait regagné son couvent de l'Himalaya ». Pressé de questions, l'oracle voulut bien dévoiler que le « centre ésotérique rosicrucien de l'Himalaya)) jugeait opportun de voir se constituer « l'avènement de l'esprit sous le signe de la rose et de la croix ». A cette fin devait se reconstituer la vieille FRATERNITE DES POLAIRES.

Les Polaires sont les continuateurs de la tradition boréale. A travers les siècles, ils se sont divisés en trois branches qui ont pris trois noms différents. Pendant un certain temps, le vieux tronc a continué à vivre, dédaignant tout pouvoir, toute évolution. Les derniers Polaires Rose + Croix furent obligés de se retirer en Asie. Maintenant, les POLAIRES SE REFORMENT ET REVIENNENT SUR LA SCENE DU MONDE.

Or, que se passe-t-il en Allemagne en 1929 ? Hitler, le « favori » du groupe Thulé, le disciple de Hörbiger et de ses théories de la GLACE, est en train de remporter un immense succès auprès des foules, et, bientôt, le 14 septembre 1930, cent sept députés nazis entrent au Reichstag. La croix gammée étend son ombre sur l'Allemagne, centre de l'Europe et pôle mystique d'innombrables sociétés secrètes. Mais, pour les Polaires, il s'agit de faire vite :

« Car les temps sont proches, disent encore les sages, où les verges de feu frapperont à nouveau certains pays de la Terre, et il faudra alors reconstruire tout ce que la soif de l'or et l'égoïsme de l'homme auront contribué à détruire. »

On pense immédiatement à la Seconde Guerre mondiale et à son cortège de catastrophes, et cette prédiction n'est pas la moins inquiétante.

Les sages qui dictent ces conseils sont, selon leurs propres dires, au nombre de trois. Ils s'intitulent eux-mêmes les « trois petites lumières », par rapport aux grandes lumières que sont les BODHISATTVA et qui participent de l'illumination suprême du Soleil noir. A la tête de ces « trois lumières » serait placé un « chevalier sage », un Occidental — retenons bien ce mot — qui s'appelle lui-même CELUI QUI ATTEND... Le pouvoir temporel, sans doute (estimerons-nous), afin de réunir dans ses mains le glaive de l'action et le glaive de l'esprit. Hitler, en tout cas, n'agira pas autrement, en se proclamant le chevalier de la nouvelle Allemagne destiné à instaurer un règne de mille ans.

C'est pourtant à Paris que se noue l'intrigue. De hautes personnalités bien connues des milieux ésotériques mordent à l'hameçon et s'enthousiasment pour les Polaires et leur « oracle de force astrale ». Parmi ces occultistes distingués, on retrouve les noms de René Guénon, champion de la GRANDE TRADITION HYPERBORÉENNE, Jean Marqués-Rivière et Fernand Divoire, alors directeur d'un très grand quotidien parisien. Si l'on ajoute à ce triumvirat le nom de Maurice Magre, l'écrivain inspiré et le chantre de l'épopée cathare, nous aurons fait un panorama complet des personnages plus ou moins compromis avec le groupe qui nous intéresse.

Les choses ne devaient pas en rester là, puisque M. A... décida de révéler dans un livre une partie du message des Polaires. A cette fin, il adopta le pseudonyme de Zam Bothiva et publia, sous le titre significatif d'Asia mysteriosa, le contenu de ses méditations. Fernand Divoire, Jean Marqués-Rivière et Maurice Magre fournirent tous les trois d'élogieuses préfaces. Il est intéressant d'en citer quelques extraits :

Pour Maurice Magre :

« L'existence de cette confrérie qu'on a appelée tour à tour l'Agartha et la Grande Loge blanche est connue depuis bien longtemps, sans qu'elle soit cependant prouvée par ces « preuves matérielles » dont est avide l'esprit occidental. C'est pour l'atteindre qu'Apollonius de Tyane (cet initié du Soleil) se rend dans l'Inde, dans ces montagnes « où les arbres ont des pommes de couleur bleue, comme le calice de l'hyacinthe ». C'est d'elle qu'il reçoit la mission pour laquelle il parcourt les rivages de la Méditerranée et qui lui fait dire : « Je me souviens toujours de mes maîtres et je voyage à travers le monde, enseignant ce que j'ai appris d'eux. » Christian Rosenkreutz, dont on ne sait presque rien, si ce n'est qu'il est allé chercher en Orient le message de vérité, semble ne s'être mis en marche de son monastère d'Allemagne que pour communiquer avec les maîtres, dont il connaissait l'existence par une ancienne tradition et dont il rencontra les envoyés à Damas. »

Et Jean Marques-Rivière déclare pour sa part au sujet du retrait des « maîtres en Orient » et de leur retour possible :

« Il est dit par une tradition constante que les derniers représentants de ces centres occidentaux, dont l'aspect extérieur a été souvent décrit sous le nom de ROSE+CROIX, s'enfuirent en Orient à cette époque XVIIIe siècle) ; il est dit également qu'ils s'établirent en Asie centrale abandonnant « pour un temps », l'Europe à sa misère. »

Et l'écrivain s'interroge : « Le temps est-il révolu ? »

Asia Mysteriosa paraît en 1929. A la même date s'installe à Berlin un moine tibétain surnommé « l'homme aux gants verts », par allusion à l'énigmatique « Société des Verts » à laquelle il aurait appartenu. Ce lama, qui rencontra plusieurs fois Hitler, annonça avec une étonnante précision le nombre de députés nazis devant être élus au Reichstag. « L'homme aux gants verts », chuchotait-on parmi les « initiés » hitlériens, était un envoyé de l'Agartha. Le réseau qui devait couvrir l'Europe commence dès lors à se tisser. [..]

Les Polaire doivent travailler activement à préparer la venue de l'ENVOYÉ : « Travaillez avec acharnement et ténacité jusqu'à ce que vous connaissiez « Celui qui attend »... Aujourd'hui il est inconnu et lointain, mais demain ce sera un GRAND de par la volonté du Très-Haut. » (En 1925, Hitler, inconnu en France, purge une peine de prison dans la forteresse de Landsberg.)

« Il ne pouvait pas y avoir de doutes possibles, affirme Zam Bothiva : l'homme envoyé par l'Inconcevable et Celui qui attend » étaient deux définitions de la même entité. »

Zam Bothiva et ses amis brûlaient de connaître « homme providentiel ». Il leur fut répondu simplement : « Beaucoup et beaucoup de lunes passeront avant que vous ne rencontriez Celui qui attend.» Évidemment, ON NE POUVAIT PAS DÉVOILER L'IDENTITÉ DU MAÎTRE.

Les « trois petites lumières » du Tibet voulurent bien préciser, toutefois, que Celui qui attend ne serait pas le futur MANU de l'humanité. Expliquons-nous : en théosophie le MANU est « l'intelligence qui doit présider au prochain cycle humain et lui donner sa loi » et qui, dans aucun cas, ne saurait être un homme.

Il ne s'agirait donc que d'une « petite lumière », terme qui s'applique exactement à l'« initié » Adolf Hitler, « guide de la race aryenne pour le présent cycle ». [...]

Après la publication de ce livre (Asia Mysteriosa), il ne restait plus qu'à organiser la « secte » autour de la révélation oraculaire : ce qui fut fait.

Zam Bothiva devint le chef du groupe très fermé des Polaires, les douze articles des statuts véritables restèrent secrets « à cause de leur caractère ésotérique ». Pour être Polaire, il fallait être possesseur des « vibrations rouges », seules susceptibles d'établir la communication avec l'oracle du Tibet, c'est du moins ce que laissait croire le guide de la « Fraternité ».

On choisit également, ainsi le voulait l'oracle, un grand maître de l'ordre secret... Le premier à occuper ce poste fut un prélat de haut rang, camérier secret de Pie XI et Polaire de la première heure. Cet ecclésiastique peu orthodoxe eut une très belle carrière, puisqu'il finit à la Curie romaine. Ce que l'histoire officielle ne dit pas, c'est qu'il portait, sous l'habit rouge de cardinal, une croix gammée en sautoir.

Lui succéda un évêque de l'Église cathare et gnostique et enfin un prince cambodgien très versé dans la magie.

Ajoutons, pour en terminer, que Zam Bothiva, très porté vers le catharisme, explora le château de Montségur dans l'espoir secret d'y retrouver le Graal ; il était accompagné d'une dame affiliée à l'Église gnostique, descendante de l'albigeoise Esclarmonde de Foix. Le fondateur de la Fraternité des Polaires rencontra-t-il Otto Kahn, cet envoyé du sacré collège hitlérien », lors de son voyage dans le pays cathare ? Nous ne saurions l'affirmer, quoique la chose n'ait rien d'invraisemblable si l'on songe que Rahn était un ami de l'instituteur Gadal, spécialiste du catharisme ésotérique, et membre de la Rose+Croix (2), initiation dont se réclamaient les Polaires. Les Pyrénées et le château de Montségur auraient été dans ce cas un lieu de rencontres mystérieuses entre les diverses mailles du filet occulte qui se resserrait sur l'Europe sous le signe de la croix gammée. »

Jean-Michel Angebert


(1) "La « Rose + Croix d'or », pour être précis, affiliée à la Golden Dawn britannique", ajoute Jean-Michel Angebert.

Un maître de la Rose-Croix d'Or, Jan van Rijckenborgh (1896-1968), est l'auteur de Lumière sur le Tibet. Lumière sur le Tibet est un texte écrit par un iconoclaste qui n'hésite pas à démolir le mythe du Tibet, pays sacré de prétendus maîtres bienveillants et protecteurs de l'humanité des fables théosophistes. Jan van Rijckenborgh n'est pas un provocateur en mal de publicité. Il est crédité d'une étonnante faculté de clairvoyance, l'éclairage qu'il apporte sur le Tibet semble sincère. Toutefois, Rijckenborgh a recours à une phraséologie ésotérique qui déconcertera les personnes qui ne se sont pas familiarisées avec ce genre d'écrits. En réalité, Lumière sur le Tibet ne s'adresse pas à un large public, c'est un document interne, dactylographié et ronéocopié (le Ronéo est l'ancêtre de la photocopieuse).

Bouddhisme tibétain et nazisme, le cas Jean Marquès-Rivière :