Dans une
vidéo intitulée « La vérité sur Adolf Hitler », le
néonazi Vincent Reynouard dit : « Hitler était un génie
du bien. (…) Le national-socialisme : un paradis... » (
La vidéo est censurée par You Tube mais pas par Dailymotion.)
Reynouard participe à l'entreprise de relèvement du nazisme qui
touche l'édition, une certaine presse et surtout Internet.
Depuis
des décennies, des individus répandent l'idée qu'Hitler était un maître spirituel, un authentique initié. Savitri Devi, de son vrai
nom Maximine Portas, voyait en lui le terrible Kalki annoncé par les
textes sacrés hindous. Kalki est l'incarnation guerrière du dieu
Vishnou qui doit mettre fin à l'actuel cycle de décadence et
rétablir l'âge d'or en exterminant les ennemis de la « bonne
loi ». Ce thème guerrier est au cœur de l'initiation de
Kalachakra délivrée par le dalaï-lama lui-même. Pour les initiés
de l'école tibétaine, Kalki devient Raudra Chakrin et c'est le
vingt-cinquième roi de Shambhala.
Selon
plusieurs auteurs, des sociétés secrètes, notamment une
mystérieuse loge tibétaine, ont déterminé le destin de
l'Allemagne et de l'Europe durant la première moitié du 20e siècle.
Aujourd'hui, ces société secrètes influencent-elles l'Union
européenne ? Nous voyons bien que l'Europe actuelle évoque
d'avantage un ordre synarchique qu'une construction démocratique.
Mais
revenons au 20e siècle. « Nous sommes à Paris en 1929, écrit
Jean-Michel Angebert, au n° 36 de l'avenue Junot. Montons l'escalier
de ce bel immeuble et arrêtons-nous au palier du premier étage.
Nous voici dans l'appartement qui tient lieu de temple et de
sanctuaire initiatique à la mystérieuse et très restreinte Société
des Polaires, dont le nom rappelle curieusement les préoccupations
hyperboréennes d'un certain parti extrémiste d'outre-Rhin.
Que
recouvre au juste ce nom étrange, et d'abord, quelle peut être
l'origine de ce groupe occulte ? Pour expliquer la genèse de cette
troublante affaire qui nous entraînera fort loin, il faut remonter à
l'année 1918, la même qui vit Adolf Hitler se lancer dans
l'agitation politique.
A cette
époque, un certain M. A... d'origine italienne, très versé dans
l'ésotérisme, et de son métier directeur d'une importante firme
industrielle, fit la connaissance d'un mystérieux personnage dont il
vaut mieux taire le nom. La rencontre eut lieu en Égypte, terre
prédestinée aux échanges magiques, s'il en fut.
Voici ce
qu'apprit M. A... : lors d'un séjour en Italie, en 1908, notre
personnage, que nous appellerons pour plus de commodité M. X..., eut
la chance de rencontrer, dans un petit village de la région de
Viterbe, un envoyé de la « Grande Loge blanche » du Tibet, plus
connu dans le pays sous le nom de « père Julien ». Cet ermite peu
orthodoxe vivait en marge des habitants du village avec qui il
frayait peu et se faisait remarquer en n'allant pas à la messe... et
pour cause, ajouterons-nous ! Cet homme, par son origine, disposait
de grands pouvoirs. Il se présenta comme un envoyé de la Fraternité
d'Héliopolis, cette confrérie de sages composée d'authentiques
Rose-Croix, c'est-à-dire d'hommes ayant atteint le degré suprême
dans la hiérarchie spirituelle. Ce « maître » eut tellement
confiance dans son interlocuteur qu'il alla jusqu'à lui confier une
méthode secrète de communication avec les maîtres de sagesse du
Tibet groupés dans la loge de l'Agartha, cette cité mystique située
au cœur de l'Himalaya, à l'abri de toutes investigations des
profanes, et guidant les « grands» de ce monde dans
leur tâche écrasante auprès des peuples de la Terre.
Cette
méthode, M. X... avoua l'avoir expérimentée avec succès : il
s'agissait d'une forme de communication télépathique transmise par
le biais de l'écriture : véritable code cryptographique analogue à
celui qu'utilisent les services secrets. Les messages ainsi transmis
devaient, pour devenir intelligibles, être traduits au moyen d'une «
clé » chiffrée dévoilée par le père Julien. Le nom de ce
procédé éclairera peut-être le lecteur féru de sciences
occultes, puisqu'il s'intitulait ORACLE DE FORCE ASTRALE. Le premier
essai de communication révéla que le « maître » Rose-Croix «
avait regagné son couvent de l'Himalaya ». Pressé de questions,
l'oracle voulut bien dévoiler que le « centre ésotérique
rosicrucien de l'Himalaya)) jugeait opportun de voir se constituer «
l'avènement de l'esprit sous le signe de la rose et de la croix ».
A cette fin devait se reconstituer la vieille FRATERNITE DES
POLAIRES.
Les
Polaires sont les continuateurs de la tradition boréale. A travers
les siècles, ils se sont divisés en trois branches qui ont pris
trois noms différents. Pendant un certain temps, le vieux tronc a
continué à vivre, dédaignant tout pouvoir, toute évolution. Les
derniers Polaires Rose + Croix furent obligés de se retirer en Asie.
Maintenant, les POLAIRES SE REFORMENT ET REVIENNENT SUR LA SCENE DU
MONDE.
Or, que
se passe-t-il en Allemagne en 1929 ? Hitler, le « favori » du
groupe Thulé, le disciple de Hörbiger et de ses théories de la
GLACE, est en train de remporter un immense succès auprès des
foules, et, bientôt, le 14 septembre 1930, cent sept députés nazis
entrent au Reichstag. La croix gammée étend son ombre sur
l'Allemagne, centre de l'Europe et pôle mystique d'innombrables
sociétés secrètes. Mais, pour les Polaires, il s'agit de faire
vite :
« Car
les temps sont proches, disent encore les sages, où les verges de
feu frapperont à nouveau certains pays de la Terre, et il faudra
alors reconstruire tout ce que la soif de l'or et l'égoïsme de
l'homme auront contribué à détruire. »
On pense
immédiatement à la Seconde Guerre mondiale et à son cortège de
catastrophes, et cette prédiction n'est pas la moins inquiétante.
Les
sages qui dictent ces conseils sont, selon leurs propres dires, au
nombre de trois. Ils s'intitulent eux-mêmes les « trois petites
lumières », par rapport aux grandes lumières que sont les
BODHISATTVA et qui participent de l'illumination suprême du Soleil
noir. A la tête de ces « trois lumières » serait placé un «
chevalier sage », un Occidental — retenons bien ce mot —
qui s'appelle lui-même CELUI QUI ATTEND... Le pouvoir temporel, sans
doute (estimerons-nous), afin de réunir dans ses mains le glaive de
l'action et le glaive de l'esprit. Hitler, en tout cas, n'agira pas
autrement, en se proclamant le chevalier de la nouvelle Allemagne
destiné à instaurer un règne de mille ans.
C'est
pourtant à Paris que se noue l'intrigue. De hautes personnalités
bien connues des milieux ésotériques mordent à l'hameçon et
s'enthousiasment pour les Polaires et leur « oracle de force astrale ».
Parmi ces occultistes distingués, on retrouve les noms de René
Guénon, champion de la GRANDE TRADITION HYPERBORÉENNE, Jean
Marqués-Rivière et Fernand Divoire, alors directeur d'un très
grand quotidien parisien. Si l'on ajoute à ce triumvirat le nom de
Maurice Magre, l'écrivain inspiré et le chantre de l'épopée
cathare, nous aurons fait un panorama complet des personnages plus ou
moins compromis avec le groupe qui nous intéresse.
Les
choses ne devaient pas en rester là, puisque M. A... décida de
révéler dans un livre une partie du message des Polaires. A cette
fin, il adopta le pseudonyme de Zam Bothiva et publia, sous le titre
significatif d'Asia mysteriosa, le contenu de ses méditations.
Fernand Divoire, Jean Marqués-Rivière et Maurice Magre fournirent
tous les trois d'élogieuses préfaces. Il est intéressant d'en
citer quelques extraits :
Pour
Maurice Magre :
« L'existence
de cette confrérie qu'on a appelée tour à tour l'Agartha et
la Grande Loge blanche est connue depuis bien longtemps, sans
qu'elle soit cependant prouvée par ces « preuves matérielles
» dont est avide l'esprit occidental. C'est pour l'atteindre
qu'Apollonius de Tyane (cet initié du Soleil) se rend dans l'Inde,
dans ces montagnes « où les arbres ont des pommes de couleur bleue,
comme le calice de l'hyacinthe ». C'est d'elle qu'il reçoit la
mission pour laquelle il parcourt les rivages de la Méditerranée et
qui lui fait dire : « Je
me souviens toujours de mes maîtres et
je voyage à travers le monde, enseignant ce que j'ai appris d'eux. »
Christian Rosenkreutz, dont on ne sait presque rien, si ce n'est
qu'il est allé chercher en Orient le message de vérité, semble ne
s'être mis en marche de son monastère d'Allemagne que pour
communiquer avec les maîtres, dont il connaissait l'existence
par une ancienne tradition et dont il rencontra les envoyés à
Damas. »
Et Jean
Marques-Rivière déclare pour sa part au sujet du retrait des «
maîtres en Orient » et de leur retour possible :
« Il
est dit par une tradition constante que les derniers représentants
de ces centres occidentaux, dont l'aspect extérieur a été souvent
décrit sous le nom de ROSE+CROIX, s'enfuirent en Orient à cette
époque XVIIIe siècle) ; il est dit également qu'ils s'établirent
en Asie centrale abandonnant « pour un temps », l'Europe à sa
misère. »
Et
l'écrivain s'interroge : « Le temps est-il révolu ? »
Asia
Mysteriosa paraît en 1929. A la même date s'installe à Berlin
un moine tibétain surnommé « l'homme aux gants verts », par
allusion à l'énigmatique « Société des Verts » à laquelle il
aurait appartenu. Ce lama, qui rencontra plusieurs fois Hitler,
annonça avec une étonnante précision le nombre de députés nazis
devant être élus au Reichstag. « L'homme aux gants verts »,
chuchotait-on parmi les « initiés » hitlériens, était un envoyé
de l'Agartha. Le réseau qui devait couvrir l'Europe commence dès
lors à se tisser. [..]
Les
Polaire doivent travailler activement à préparer la venue de
l'ENVOYÉ : « Travaillez
avec acharnement et ténacité jusqu'à ce que vous connaissiez «
Celui qui attend »... Aujourd'hui il est inconnu et lointain, mais
demain ce sera un GRAND de par la volonté du Très-Haut. » (En
1925, Hitler, inconnu en France, purge une peine de prison dans la
forteresse de Landsberg.)
« Il ne
pouvait pas y avoir de doutes possibles, affirme Zam Bothiva :
l'homme envoyé par l'Inconcevable et Celui qui attend »
étaient deux définitions de la même entité. »
Zam
Bothiva et ses amis brûlaient de connaître « homme providentiel ».
Il leur fut répondu simplement : « Beaucoup et beaucoup de lunes
passeront avant que vous ne rencontriez Celui qui attend.»
Évidemment, ON NE POUVAIT PAS DÉVOILER L'IDENTITÉ DU MAÎTRE.
Les «
trois petites lumières » du Tibet voulurent bien préciser,
toutefois, que Celui qui attend ne serait pas le futur MANU de
l'humanité. Expliquons-nous : en théosophie le MANU est «
l'intelligence qui doit présider au prochain cycle humain et lui
donner sa loi » et qui, dans aucun cas, ne saurait être un homme.
Il ne
s'agirait donc que d'une « petite lumière », terme qui s'applique
exactement à l'« initié » Adolf Hitler, « guide de la race
aryenne pour le présent cycle ». [...]
Après
la publication de ce livre (Asia Mysteriosa), il ne restait
plus qu'à organiser la « secte » autour de la révélation
oraculaire : ce qui fut fait.
Zam
Bothiva devint le chef du groupe très fermé des Polaires, les douze
articles des statuts véritables restèrent secrets « à cause de
leur caractère ésotérique ». Pour être Polaire, il fallait être
possesseur des « vibrations rouges », seules susceptibles d'établir
la communication avec l'oracle du Tibet, c'est du moins ce que
laissait croire le guide de la « Fraternité ».
On
choisit également, ainsi le voulait l'oracle, un grand maître de
l'ordre secret... Le premier à occuper ce poste fut un prélat de
haut rang, camérier secret de Pie XI et Polaire de la première
heure. Cet ecclésiastique peu orthodoxe eut une très belle
carrière, puisqu'il finit à la Curie romaine. Ce que l'histoire
officielle ne dit pas, c'est qu'il portait, sous l'habit rouge de
cardinal, une croix gammée en sautoir.
Lui
succéda un évêque de l'Église cathare et gnostique et enfin un
prince cambodgien très versé dans la magie.
Ajoutons,
pour en terminer, que Zam Bothiva, très porté vers le catharisme,
explora le château de Montségur dans l'espoir secret d'y retrouver
le Graal ; il était accompagné d'une dame affiliée à l'Église
gnostique, descendante de l'albigeoise Esclarmonde de Foix. Le
fondateur de la Fraternité des Polaires rencontra-t-il Otto Kahn,
cet envoyé du sacré collège hitlérien », lors de son voyage dans
le pays cathare ? Nous ne saurions l'affirmer, quoique la chose n'ait
rien d'invraisemblable si l'on songe que Rahn était un ami de
l'instituteur Gadal, spécialiste du catharisme ésotérique, et
membre de la Rose+Croix (2), initiation dont se réclamaient les
Polaires. Les Pyrénées et le château de Montségur auraient été
dans ce cas un lieu de rencontres mystérieuses entre les diverses
mailles du filet occulte qui se resserrait sur l'Europe sous le signe
de la croix gammée. »
Jean-Michel
Angebert
(1) "La «
Rose + Croix d'or », pour être précis, affiliée à la Golden Dawn
britannique", ajoute Jean-Michel Angebert.
Un
maître de la Rose-Croix d'Or, Jan
van Rijckenborgh (1896-1968), est l'auteur de Lumière
sur le Tibet.
Lumière
sur le Tibet est
un texte écrit par un iconoclaste qui n'hésite pas à démolir le
mythe du Tibet, pays sacré de prétendus maîtres bienveillants et
protecteurs de l'humanité des fables théosophistes. Jan van
Rijckenborgh n'est pas un provocateur en mal de publicité. Il est
crédité d'une étonnante faculté de clairvoyance, l'éclairage
qu'il apporte sur le Tibet semble sincère. Toutefois, Rijckenborgh a
recours à une phraséologie ésotérique qui déconcertera les
personnes qui ne se sont pas familiarisées avec ce genre d'écrits.
En réalité, Lumière
sur le Tibet ne
s'adresse pas à un large public, c'est un document interne,
dactylographié et ronéocopié (le Ronéo est l'ancêtre de la
photocopieuse).
Bouddhisme
tibétain et nazisme, le cas Jean Marquès-Rivière :