Dambijantsan ou Ja-lama, le lama vengeur, était pour les Mongols
l'incarnation du terrible Mahakala du panthéon lamaïste. La vidéo évoque
le livre de d'Andrei Znamenski, Shambhala Rouge : Magie, prophétie et géopolitique dans le cœur de l'Asie.
Quelle
cruauté le tantrisme bouddhique peut conduire en temps de guerre ?
Cela est montré par l'histoire du " lama vengeur ", un moine
du nom de Dambijantsan qui avait été emprisonné en Russie pour
activités révolutionnaires.
«
Après une fuite mouvementée, écrit Robert Bleichsteiner, il
alla au Tibet ou il fut initié a la magie tantrique. Dans les années
1890, il commença ses activités politiques en Mongolie. Chevalier
errant, démon des steppes et tantrika, il éveillait de vagues
espoirs chez certains, de la peur chez d'autres, ne reculait devant
aucun crime, sortait indemne de tous les dangers, de sorte qu'il
était considérait comme invulnérable, bref, il tenait tout le
désert de Gobi sous son emprise. »
Dambijantsan
croyait être l'incarnation du héros guerrier de la Mongolie de
l'Ouest, Amursana. Durant de longues années, il réussit a commander
une armée nombreuse et a exécuter une quantité remarquable d'
actions militaires victorieuses. Pour cela, il reçut de hauts titres
religieux et nobles de la part du Khutuktu d'Ourga.
La
forme de guerre de Dambijantsan était d'une cruauté calculée,
qu'il considérait néanmoins comme un acte de vertu religieux. Le 6
août 1912, après la prise de Khobdo, il massacra les prisonniers
chinois selon un rite tantrique. Comme un prêtre aztèque en pleine
majesté, il leur ouvrit la poitrine avec un couteau et leur arracha
le cœur avec sa main gauche. II le plaça avec des morceaux de
cervelle et d'entrailles dans des crânes faisant office de coupes
afin de les offrir en sacrifice aux dieux de terreur tibétains. Bien
qu'étant officiellement un gouverneur du Khutuktu, il se conduisit
comme un autocrate en Mongolie de l'Ouest et tyrannisa un immense
territoire par un règne de violence « au-delà de toute raison et
mesure ». Sur les parois de sa yourte, il aimait suspendre la peau
écorchée de ses ennemis.
Sa
fin fut tout aussi sanglante que le reste de sa vie. Les bolcheviques
dépêchèrent un prince mongol qui prétendit être un envoyé du
Khutuktu et put ainsi entrer sans mal dans le camp. Devant le « lama
vengeur » sans méfiance, il tira six coups de revolver. II arracha
ensuite le cœur de sa victime et le dévora devant les yeux de
toutes les personnes présents, afin de terrifier - comme il le dit
plus tard - ses partisans. II réussit ainsi à s'échapper. Mais le
fait « d'arracher et de manger le cœur » n’était pas seulement
un terrible moyen de répandre la terreur, cela faisait aussi partie
du culte traditionnel de la caste guerrière mongole, qui était déjà
pratiqué sous Gengis Khan.
Au
vu des terribles tortures dont l'armée chinoise était accusée, et
de l'impitoyable boucherie par laquelle répondaient les forces
mongoles, une forme de guerre extrêmement cruelle fut ainsi la règle
en Asie Centrale, dans les années 1920. Dans ce contexte, la vie et
les actions du « lama vengeur » ont été glorifiées par le peuple
mongol.
Source :
V.T.R.I.O.L. N° 17