De nombreux touristes se rendent à
Shambhala (Shangri-la) dans le Yunnan du nord, historiquement la région
est tibétaine. Non loin des magnifiques gorges du Saut du Tigre, la cité
de Zongdian
prétend être la mythique Shangri-la décrite dans le roman de James
Hilton, " Lost Horizon ". Pour écrire son roman, Hilton s’est inspiré
des articles de Joseph Rock,
un explorateur et botaniste américain fasciné par la culture Naxi, dont
les prêtres, les Dongba, sont les héritiers des Bönpo. Dans la
mythologie Bönpo du Zhang zhung, il existe aussi un royaume
extraordinaire, dissimulé au commun des mortels, son nom est Olmo
lungring.
En 1973, un
film musical reprend le thème de Shambhala. C’est un remake du film de
1937 de Frank Capra, " Lost Horizon ". Le paradis perdu de Shambhala
fascine le public. Le thème rapporte des millions de dollars dans
plusieurs secteurs économiques de l’édition au tourisme en passant par
le cinéma.
Selon Ferdinand Ossendowski, informé par les plus hauts prélats du lamaïsme mongol, le paradis mystérieux des grands initiés est le royaume souterrain de l’Aghartta, un autre nom pour désigner Shambhala. Le Roi du Monde, le monarque universel, s’est réfugié dans les entrailles de la terre. Dès leur publication les révélations de Ferdinand Ossendowski font grand bruit. Une table ronde, sur le thème de l’Agarttha, est organisée à Paris, par les Nouvelles Littéraires, réunissant Guénon, Maritain, Grousset, etc.
René Guénon rencontre Ferdinand Ossendowski à plusieurs reprises avant de faire publier son livre " Le Roi du Monde " en 1927.
Saint-Yves d’Alveydre est le précurseur du mouvement. Il évoque le roi du monde ainsi que le royaume souterrain de l'Agarttha dans son ouvrage posthume, publié en 1886, " Mission de l'Inde en Europe ".
Pour René Guénon, "Le Roi du Monde doit avoir une fonction essentiellement ordonnatrice et régulatrice, (...) fonction pouvant se résumer dans un mot comme celui d'équilibre" ou d'harmonie", ce que rend précisément en sanscrit le terme Dharma. "
Aujourd’hui, nous sommes tous victimes du désordre mondial corrupteur et destructeur. Les peuples assistent impuissants à des catastrophes écologiques irréparables comme la disparition d’un grand nombre d’espèces animales et végétales. L’activité économique est responsable de la sixième extinction de masse de la vie sur terre. L’eau est imbuvable, l’air est irrespirable, la terre est empoisonnée… Le " Roi du Monde " semble bien indifférent à nos malheurs.
Jean-Louis Bernard, un auteur français, ayant vécu en Egypte, érudit dans les domaines de l’égyptologie, du tantrisme, du soufisme, propose un autre regard sur le monde souterrain d’Asie Centrale et son obscur monarque, évoqués par Saint-Yves d’Alveydre et popularisés par Ferdinand Ossendowski.
" La notion demeure floue, écrit Jean-Louis Bernard, elle donna lieu à mythomanie, certains ésotéristes occidentaux s’étant prétendus missionnés par les " grands initiés " de la cité souterraine et reliés télépathiquement à eux. Ces missionnés (par eux-mêmes) finirent généralement leur existence dans la médiocrité ou le scandale. "
" Le Roi du Monde, ce personnage serait caché au fond d’une cité souterraine que des radiations rendraient inaccessible aux humains. Ossendowski le décrit, lui et son assesseur, comme des momies animées ou comme des morts vivants, au visage voilé pour cacher leur crâne dénudé. Sans identifier vraiment le " Roi du Monde à ce personnage, René Guénon crut en un représentant de Dieu sur la terre ; il voyait là un parallèle avec Melchisédech (" melk " = roi) qui, dans la Bible confirma la mission d’Abraham. Toutefois, si le personnage évoqué par Ossendowski correspond à quelque vérité fantastique, l’immortel troglodyte, au lieu d’être une figure de haute spiritualité, peut résulter tout aussi bien d’une formidable opération de magie noire. Mme Alexandra David-Neel qui connut le Tibet secret, fait état de pseudo-lamas (moines) – des morts vivants justement qui, en des lamaseries écartées, pratiqueraient un vampirisme de grand style : des vieillards plus que centenaires, morts, mais non biologiquement ; ils attireraient par magie des voyageurs égarés et les convaincraient de se laisser mourir rituellement afin d’acquérir du mérite ou un " bon karma ", valable en une autre vie ! En réalité, les " moines " viseraient à leur prendre leur vitalité par osmose, au cours d’une agonie savamment allongée… Il se peut encore que les momies d’une civilisation inconnue d’Asie centrale aient engendré des " marouts " = âmes mortes incarnées, et que ce " roi du monde souterrain " ne soit pas autre chose. Certains ésotéristes chuchotent que le monde marxiste est tombé insidieusement sous l’influence d’un " gang " de marouts d’Asie centrale ; cela expliquerait la pesante tristesse et l’atonie des pays de l’Est. L’homme y est comme vampirisé par une force tentaculaire indiscernable ; il ne profite plus guère des joies de la vie, ni même des produits de son travail.
Si le cadavérique " roi du monde " incarne effectivement une grand-guignolesque imposture ésotérique, il sera bien sûr le roi de tous les marouts, zombis et ombres mortes. Il freinerait la décomposition des ombres les plus redoutables et exploiterait ces fantasmes morbides pour égarer les mystiques et les intoxiquer. Il serait alors l’arcane du spiritisme mondial (channelling de nos jours) dont les médiums lui serviraient de prêtres et de prêtresses en appelant sur eux des ombres de décédés, celles-ci diffusant autour d’elles un insidieux poison, extrait des cimetières. Le pape noir de Lyon, personnage légendaire aussi serait l’un de ses relais, parmi d’autres. (…)
Mais qui alors tire les ficelles du Grand Marout ? Est-ce Dieu, Satan ou Lucifer ? La réponse est sans doute donnée par les fameux Hyksos – cavaliers d’Asie centrale qui occupèrent sauvagement l’Egypte durant un siècle et demi. Ils adoraient un dieu unique nommé Soutek (= Satan) et entreprirent la destruction méthodique des cultes égyptiens, à l’exclusion de celui de Seth (= Satan). En somme, leur mission occulte ou inconsciente, liée au " centre magique " qui les télécommandait d’Asie centrale, consistait à couper l’Egypte de son contact cosmique (culte d’Amon). Donc, à travers les Hyksos, Satan, le daïmon souterrain, se révoltait contre les hiérarchies cosmiques dont l’Egypte était le trône, tentant ainsi d’isoler la planète du cosmos. "
" Les archives de l’insolite " de Jean-Louis Bernard, 1978.
C'est
clair, l'auteur ne participe pas à la propagande lénifiante en faveur
des hiérarques du lamaïsme et de Shambhala (Agarttha).
Œuvres de l’auteur
Tout-Ankh-Amon ou l’Egypte sans Bandelettes, le Dauphin, 1967 .
Le Démonologue, le Dauphin, 1968.
Le Tantrisme, yoga sexuel, Belfond, 1973.
Aux origines de l’Egypte, Laffont, 1976.
Apollonius de Tyane et Jésus, Laffont, 1977.
Histoire secrète de Lyon et du Lyonnais, Albin Michel, 1977.