Le
Dalaï-lama est l'auteur du livre Dzogchen, l'essence du cœur de
la Grande Perfection. Mais, comme la plupart des gourous et des
hiérarques lamaïstes, les actes de Sa Sainteté ne montrent pas
une véritable réalisation spirituelle. Au contraire, l'homme qui se
dissimule derrière sa toge safran incarne toutes les imperfections
du féodalisme théocratique de l'absolutisme au népotisme en
passant par l'obscurantisme et l'hypocrisie... N'est-il pas temps de
mettre fin à une tartuferie qui a assez duré ?
Les
« élites » étasuniennes, apôtres du darwinisme social,
du fordisme autoritaire, du fascisme invisible, ont fait la promotion du
lamaïsme, trouvant en lui un système qui ne diffère guère de
leurs conceptions de la domination des populations.
L'esclavagisme
moderne, fondé sur l'addiction à la consommation, et
l'asservissement orchestré par les lamas au nom du karma et de la
promesse d'une meilleure réincarnation ont en commun la soif de
pouvoir d'une caste de prédateurs.
L'esclavage
dharmique
« Alexandra
David-Néel était une grande voyageuse, amie et spécialiste
incontestée du Tibet, rappelle Maxime Vinas. Elle avait été reçue
à Dharamsala par le dalaï-lama et, après sa mort, il se rendit à
deux reprises (octobre 1982 et mai 1986) dans sa maison natale à
Digne, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il lui rendit publiquement
hommage pour avoir fait connaître la culture tibétaine aux
Occidentaux. Dans son livre Grand Tibet et vaste Chine, elle
concède : « Une sorte d'esclavage assez bénin subsiste encore en
maintes parties du Tibet. » Les dalaï-lamistes acharnés à nier
cette réalité ergotent sur certaines libertés accordées aux
pauvres et grâce auxquelles on ne saurait parler d'esclavage.
Or, on
constate dans les lois du Tibet des dalaï-lamas des similitudes
frappantes avec un texte français de 1685, L'Édit du roi
touchant la police des îles de l'Amérique française, dit «
Code noir », de Colbert, qui visait officiellement à assurer une
protection légale des esclaves. Dans la France royaliste de jadis et
dans le Tibet théocratique de naguère, les maîtres avaient le
droit de punir leurs gens, de les obliger à pratiquer une religion,
de sanctionner les fuyards et les voleurs, de les faire enchaîner,
fouetter, emprisonner, amputer, de les mettre à mort, d'accorder ou
pas l'autorisation de mariage. Quant à ceux qui auraient osé porter
la main sur leur maître, une palette de punitions assez semblables
existait en fonction de la gravité du geste et de l'importance de la
personne touchée. Le goût de l'humour noir sera reconnu à ceux
pour qui les lois quasi identiques définissaient l'esclavage chez
nous et un banal « métayage » au Tibet.
Nous
comptons donc dix-sept ans de formation au métier, plus de neuf ans
de règne avant l'annonce chafouine de la volonté du dalaï-lama,
dictée par sa bonté et son amour de la démocratie, d'en finir plus
tard avec un héritage féodal qui fit la puissance et l'opulence de
quatorze dalaï-lamas et des leurs.
Certes,
nombre de Français trouveront à juste titre beaucoup à redire sur
la conception chinoise de la démocratie et le système qui prévaut
à ce jour à Lhassa. Mais ils objecteront plus encore à la
découverte de ce que fut le gouvernement du dalaï-lama et de ce
qu'est le programme du gouvernement tibétain en exil. »
L'obscurantisme
lamaïste
« Quels
enseignements étaient dispensés aux Tibétains, ou plus exactement
aux cinq pour cent d'entre eux qui en bénéficiaient, s'interroge
Maxime Vinas ?
D'abord,
« cinq sujets mineurs » qui concernent « l'art dramatique, la
danse et la musique, l'astrologie, la poésie, la composition
littéraire ». Toutes ces matières ? Non, les élèves moines
peuvent se contenter d'étudier « l'astrologie et la composition
littéraire ».
Puis «
cinq sujets majeurs » qui correspondent à un enseignement supérieur
et qui sont : « l'art de guérir, l'étude du sanscrit, la
dialectique, les arts et métiers, la métaphysique et la philosophie
religieuse [...] dont le dernier — métaphysique et philosophie
religieuse — est de loin le plus important [...] » et qui se
subdivisent eux-mêmes en cinq parties : perfection de la sagesse,
sentier du milieu, règles de la discipline monastique, métaphysique,
logique et dialectique.
Bien
formaté, l'érudit tibétain n'en sait guère plus que le serf
analphabète sur ce qui, à travers le monde et au fil des siècles,
a enrichi l'intelligence et la pensée, et amélioré la vie au
quotidien. Physique, chimie, mécanique, architecture, économie,
courants philosophiques ou artistiques et autres babioles impies sont
bloqués aux portes du Tibet mystique par une politique délibérée
dite « d'isolement ». Nul ne savait ou n'était censé savoir, ou
en tout cas ne devait enseigner par exemple la géométrie ou
l'algèbre, hérésies considérées comme utiles partout ailleurs
depuis des siècles avant notre ère.
Bien
entendu, l'histoire du monde et la géographie n'étaient pas
davantage à l'honneur, disciplines inutiles pour perpétuer la
théocratie, voire dangereuses. […]
Ignorance
voulue, organisée, garante d'un immobilisme qui convient si bien à
la caste dirigeante, ignorance sans laquelle le peuple tibétain, «
fier, courageux et guerrier », selon la description qu'en fait le
dalaï-lama lui-même, aurait probablement secoué le joug d'une
oppression religieuse unique au monde à l'époque où ce dernier a
accédé au pouvoir. Orphelin
de cette révolte qui lui aurait permis de garder les moines, mais
sans leur pouvoir temporel et sans l'aristocratie parasitaire, le
peuple tibétain s'est vu, plus que d'autres, pris dans la nasse d'un
enfermement multiple, privé qu'il était de connaissances, de
modernité, de droits démocratiques, de justice non religieuse,
d'autorisation de voyager et de recevoir des étrangers. »
Maxime Vinas,
Dalaï-lama
pas si Zen.