Sunday, June 01, 2008

Le schisme

Il y a quelques années, la communauté bönpo de Dolanji dans l’Himachal Pradesh recevait d’importants subsides du gouvernement tibétain en exil. Quelques temps auparavant, le dalaï-lama avait coiffé la tiare du Bön en signe de réconciliation des écoles rivales bönpo et guélougpa. Il faut savoir qu’au Tibet, dans les communautés bönpo, la popularité de l’ancien roi-dieu est loin d’atteindre les sommets de l’Himalaya. Les bönpo considèrent détenir l’authentique tradition du Tibet. Dans le passé, Ils avaient subi l’oppression et les conversions forcées des guélougpa qui exerçaient le pouvoir. En revanche, les Chinois sont plus amicaux, ils ont même participé financièrement à l’édition du canon bönpo ; ce qui n’aurait pas été possible sous le règne des dalaï-lamas. Devant l’attitude des Chinois, le 14ème dalaï-lama devait affirmer son leadership en coiffant la tiare du Bön et en reconnaissant cette tradition comme la cinquième école religieuse du Tibet. En contrepartie, le 33ème Abbé de Menri, Sa Sainteté Lounktok Tenpei Nyima, pouvait financer les travaux d'agrandissement de son monastère grâce à l’argent du dalaï-lama.


La récente crise du séparatisme tibétain a mis en évidence d'autres dessous pas très propres. La vénération d’un leader politique ou religieux n’est pas raisonnable pour le commun des mortels, mais pour les bouddhistes, c’est une véritable aberration. Le culte voué au dalaï-lama est en grande partie le résultat d’une opération de communication de discrètes et efficaces officines étasuniennes. Les discours et les livres du prix Nobel de la paix sont de gentils lieux communs. Le dalaï-lama n’est pas l’incarnation d’un dieu. C’est un homme qui commet, comme tous les êtres humains, des erreurs. Son erreur majeure est son allégeance à la puissance impérialiste dirigée par de riches affairistes, responsables de plus d’un million de morts en Irak.

Les Tibétains, qui doivent défendre leur niveau de vie, l’emploi, le droit aux soins médicaux, l’éducation, ne peuvent trouver dans le dalaï-lama un représentant droit et loyal face aux Chinois. La sympathie du prélat tibétain à l’égard des néo-conservateurs Américains est aux yeux des Chinois une honteuse collaboration. Il ne faut pas oublier que depuis des décennies la Chine communiste est confrontée à l’impérialisme US (Corée, Viêt-nam… En outre, une nouvelle guerre froide oppose maintenant la Chine et les USA). Dans l’intérêt de son peuple, le 14ème dalaï-lama doit se retirer de la scène politique.

La vassalité de la communauté lamaïste occidentale au pouvoir étasunien provoquera une crise salutaire. Le membre gangrené du lamaïsme mercantile au service de l’empire anglo-américain sera amputé. Un schisme permettra de se débarrasser des gourous d’affaires et de leurs intrigues. Les lamas tibétains promettent les pires peines infernales aux schismatiques. Les diables des enfers vont se réjouir, le schisme du bouddhisme tibétain est inévitable si cette tradition veut préserver la pureté de certains enseignements (le mahamoudra et le dzogchen extirpés du bric-à-brac cultuel du Vajrayana).

Les béni-oui-oui décérébrés ne peuvent plus imaginer le but ultime de la " révolte " du Bouddha. Ils constituent les bataillons de zombies de la nouvelle spiritualité. Ce sont de pauvres hallucinés qui pataugent dans la mare aux mirages religieux. De leur côté, les bouddhistes dignes de ce nom devront accaparer cette tradition et la renouveler. Ils s’affranchiront de l’imitation rituelle et du tibétain de cuisine. Les superstitions, la magie, les dogmes obsolètes seront éliminés. Le bouddhisme deviendra vraiment un art de vivre et un outil de libération sans autocrate perché sur un trône doré. Une alternative à l’actuelle aliénation sociale se dessinera. La communauté monastique sera régénérée et la misogynie disparaîtra. De petits lieux de vie recréeront l’harmonie avec la nature sans temple en béton. Les représentants seront élus pour une période limitée à une douzaine de mois. L’idolâtrie et le culte de la personnalité des rinpochés paraîtront grotesques.



Le retour du dalaï-lama




Le dalaï-lama est revenu en maître au monastère Bönpo de Dolanji dans l’état de l’Himachal Pradesh en Inde. L’abbé de Menri, à gauche du dalaï-lama, est bien affaibli. Petite scène pathétique à partir de 4 :40 mn, la dernière partie de la vidéo.