Tuesday, September 10, 2024

Plus lamaïste que le dalaï-lama


Matthieu Ricard et son père l'académicien Jean-François Revel.

"Dans cette élite de la rue du Bac qui pratiquait des crimes pédocriminels, on retrouve Claude Imbert, fondateur du Point  et membre du club du Siècle, Jean-François Revel, écrivain et membre de l’Académie Française, et l’écrivain Gabriel Matzneff. Et personne n’en a parlé !" Karl Zéro


Matthieu Ricard, célèbre moine lamaïste et interprète du dalaï-lama, photographie le Tibet depuis des années. Amateur de textes, il est allé dans « la plus grande imprimerie manuelle de l'humanité » située à Dergué, dans l'est du Tibet.

Les belles photographies du moine français nous plongent dans un Tibet paradisiaque et... imaginaire. Le moine français ne montre jamais l'envers du décor. Par exemple, les moines oisifs et crasseux qui déambulent dans les rue commerçantes malpropres et polluées de Dergué ou des autres cités tibétaines. Les personnes qui ont voyagé dans cette partie du monde n'ignorent pas que les villes, toujours plus bétonnées, sont souvent hideuses. D'ailleurs, cette manie du béton se retrouve en France où des lamas font édifier à grands frais de vilains temples comme celui de Lérab Ling, à côté de Lodève (34). Dans l'album photographique de Matthieu Ricard, "Tibet, regards de compassion", le Tibet réel, celui de l'affairisme destructeur du tissu social et de l'environnement, est dissimulé.

Matthieu Ricard était le docile disciple du hiérarque tibétain Dilgo Khyentsé (1910-1991). Il a photographié le retour de son gourou au Tibet. Soucieux de faire l'apologie du lamaïsme et de son ordre hiérarchique, il a photographié le gros Dilgo Khyentsé se déplaçant en litière ou en chaise à porteur comme un potentat de l'Antiquité. L'image du hiérarque tibétain dans sa litière portée par des hommes asservis par les superstitions ne choque nullement le moine français. A-t-il oublié que le fondateur du christianisme s'était contenté d'un âne pour se rendre à Jérusalem ?

Matthieu Ricard, propagandiste du lamaïsme féodal et rejeton de Jean-François Revel, de son vrai nom Jean-François Ricard (1924-2006), est bien le fils de son père. 

Jean-François kahn, cofondateur de Marianne, dresse le portrait du père du moine lamaïste :

« Philosophe, journaliste, excellent et brillant polémiste qui osa de talentueuses sorties iconoclastes (ni Marx ni Jésus). Fut un ardent mitterrandiste, assimila la France gaulliste à une dictature bananière, avant d'expliquer, en 1981, que la France basculait inéluctablement dans le système totalitaire. Candidat aux élections, il bénéficia, en 1967, du désistement des communistes dont il expliqua, par la suite, qu'ils étaient en train de s'emparer de tous les leviers du pouvoir afin d'installer un régime soviétique.

Esprit aigu et lucide, il annonça, outre l'instauration d'une « dictature rouge » en France, l'élection de Mc Govern à la présidence des États-Unis ou l'émergence d'un « modèle vénézuelien » avant Chavez, ainsi que l'inévitable échec des démocraties face au rouleau compresseur soviétique. Il expliqua que se poser des questions sur les conditions de la première élection de George Bush, et en particulier sur la nature du scrutin en Floride, constituait le comble de l'antiaméricanisme forcément primaire. Plus bushiste d'ailleurs que Bush lui-même, soutenant tout ce qui vient de Moscou (pardon, de Washington !), il applaudit à l'invasion de l'Irak, croisade légitime pour la démocratie, et expliqua ensuite que les Irakiens n'étaient « congénitalement » pas faits pour la démocratie. Converti au néolibéralisme pur et dur dont il refusa, par esprit de système, d'examiner la moindre tare, il continua de batailler jour après jour, avec verve et talent, contre le monstre communiste... »

A l'instar de son père, Matthieu Ricard n'examinera jamais les tares de l'odieux système qu'il sert.


Monday, September 15, 2014

René Guénon et le Tibet



Dans la revue « La Gnose » de mars 1910, René Guénon écrit :

« Depuis quelque temps, des informations de source anglaise, donc évidemment intéressées, nous représentent le Tibet comme envahi par une armée chinoise, et le Dalaï-lama fuyant devant cette invasion et s’apprêtant à demander secours au gouvernement des Indes pour rétablir son autorité menacée. Il est très compréhensible que les Anglais prétendent rattacher le Tibet à l’Inde, dont il est pourtant séparé par des obstacles naturels difficilement franchissables, et qu’ils cherchent un prétexte pour pénétrer dans l’Asie centrale, où personne ne pense à réclamer leur intervention (au 21ème siècle, l'empire anglo-américain poursuit toujours cet objectif).

La vérité est que le Tibet est une province chinoise, que depuis des siècles il dépend administrativement de la Chine, et que par conséquent celle-ci n’a pas à le conquérir. Quant au Dalaï-lama, il n’est pas et n’a jamais été un souverain temporel, et sa puissance spirituelle est hors de l’atteinte des envahisseurs, quels qu’ils soient, qui pourraient s’introduire dans la région tibétaine. »

Une grande imposture :
la politique du lama

«Depuis plus de 360 ans, il n’a jamais été vraiment certain qu’un des occupants du Potala, y compris l’actuel Dalaï-lama, ait été un vrai Dalaï-lama, c’est à dire une véritable incarnation de Gendun Droub.»
Western Shugden Society


Une Grande Imposture : persécution, corruption, dictature et traîtrise. Cette histoire vraie révèle la face cachée du lauréat du prix Nobel de la paix : le Dalaï-lama. Par une recherche approfondie, ce livre regarde derrière l'image de sainteté et montre au grand jour le vrai Dalaï-lama : un dictateur religieux et politique, responsable de persécution non seulement sur son propre peuple, mais aussi sur des millions de gens de par le monde. Le Dalaï-lama utilise à mauvais escient les enseignements de Bouddha pour des fins politiques, détruisant la paix et l'harmonie qui règnent dans les communautés bouddhistes partout dans le monde, et persécutant les pratiquants de la déité bouddhiste Dordjé Shougdèn. Nous trouvons dans ce livre des informations sur les liens entre le Tibet et le nazisme, la fuite du Dalaï-lama organisée par la CIA, la passion que le Dalaï-lama voue au communisme, le rôle joué par le Dalaï-lama au sujet des manifestations olympiques de 2008...

Où se loge la Kundalini ?



Dans le yoga, le serpent de la kundalini est assimilé au feu intérieur qui monte à travers le corps et éveille des forces miraculeuses.

"Un yogi, écrit Mircea Eliade, a toujours été considéré dans l’Inde comme un mahâsiddha, un détenteur de pouvoirs occultes, "un magicien". 


De nos jours, pour compenser leur absence de pouvoirs paranormaux, des yogis deviennent d’habiles illusionnistes ou d'invétérés obsédés.

Durant sa jeunesse, le ligam du père d’Anne Roumanoff intéressa beaucoup l’illustre Saï Baba, un très chaud yogin. Dans son livre "Candide au pays des gourous", Daniel Roumanoff révèle que le prétendu saint indien, grand faiseur de "miracles" devant Brahma, n’hésita pas à lui empoigner ses valseuses... Pour des millions de dévots, le gourou hirsute était l’incarnation du Seigneur de l’univers, mais ce "dieu" n'était qu'un malade sexuel, un pédophile... 


Réponse à la propagande lamaïste



Le scandaleux tapage de la propagande lamaïste devient insupportable. Les manipulateurs récoltent ce qu’ils ont semé. Beaucoup de personnes ne se laissent plus berner par les mensonges des médias.

Les échos du WEB :


Le Centre de Surveillance de la Droite Internationale : http://reactionismwatch.wordpress.com/2008/01/06/la-cia-sponsor-du-dalai-lama/


L’article de Michael Backman Behind Dalai Lama’s holy cloak :
http://www.theage.com.au/news/business/behind-dalai-lamas-holy-cloak/2007/05/22/1179601410290.html


Rue89 :
http://www.rue89.com/2007/10/18/tibet-le-soutien-ambigu-des-etats-unis-au-dalai-lama


Le mythe du Tibet :
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2005-08-24%2011:39:05&log=invites


Le Parti Communiste Révolutionnaire :
http://www.pcr-rcp.ca/fr/arsenal/4d



 

Etranges cadavres



Le corps du lama Hambo Itigilov ne s’est pas décomposé bien que sa mort remonte à l’année 1927.

Selon Thurston, entre le 15ème siècle et le 20ème siècle, 42 saints ne présentaient aucun signe de corruption après l’exhumation du corps.

Les prodiges post mortem d’un moine maronite, le père Joseph Charbel Maklouf, décédé en 1898 à l’âge de 70 ans, sont relatés par Hélène Renard :

Ce furent d’étranges lumières qui attirèrent d’abord l’attention des voisins :
 

" Nous pouvions voir de nos maisons, disaient-ils, à dix minutes en face, au sud, une lumière brillante sur un tombeau différente des lumières ordinaires, qui apparaissait et disparaissait. "

Ils alertèrent les moines du monastère qui ne les crurent pas. Mais à force d’insister, ils se rendirent ensemble à l’endroit d’où émanait ce phénomène lumineux. Ce n’était pas n’importe quel tombeau. Là était enterré un saint homme, un moine maronite, le père Charbel Maklouf.

Comme la coutume l’impose, le défunt moine avaient été enveloppé de sa robe, et son corps descendu dans une tombe touchant à l’église du monastère. Le corps avait été déposé sur une planche, sans cercueil, sur une sorte de marche intérieure à 25 centimètres environ du sol. Comme cette tombe était évidemment située au-dessous du niveau du sol, elle était inondée dès qu’il pleuvait.

On vérifia la tombe, on s’assura que le corps était toujours bien en place et on referma soigneusement la sépulture.

Un an passa. Le 15 avril 1899, la tombe fut ouverte en présence du supérieur, de plusieurs moines et d’autres témoins. Ils s’aperçurent que les eaux de pluie avaient pénétré dans la tombe (et dans les autres également), la transformant en un véritable bourbier. A leur grande stupéfaction, ils virent que le corps du père Charbel flottait sur cette boue. On le retira donc. Et une nouvelle toilette fut donné à ce corps : quand il fut débarrassé des moisissures qui le recouvraient, on découvrit qu’il était intact. La peau était fraîche, les jointures flexibles ; les membres souples pouvaient parfaitement se plier ; les cheveux et la barbe n’étaient pas tombés. L’un des témoins, le père Joseph Younès le décrivit ainsi :

" Les mains étaient posées sur la poitrine, tenant la croix. Le corps était tendre, frais, souple ; sur le visage et les mains, on constatait la présence d’une certaine moisissure blanche semblable à du fin coton. Quand Saba Bou Moussa essuya cette moisissure, le visage et les mains apparurent comme ceux d’un homme endormi. Un sang bien rouge mêlé d’eau coula de son côté. "

On changea son linge et ses vêtements et, cette fois-ci, on enferma le corps dans un cercueil dont la partie supérieure, vitrée, permettait de le voir. Ce cercueil fut gardé dans un oratoire de l’église du monastère.

Les jours suivants, les moines inspectèrent le cadavre : de nouveau il était recouvert d’un liquide rouge qui paraissait suinter des pores de la peau. Et ce liquide imprégnait les linges et les vêtements à tel point qu’on était obligé de le changer deux fois par semaine.

Deux ans plus tard, en 1900, dans le but de mettre fin à ce suintement, on décida d’exposer le cadavre à l’air libre, sur une terrasse. Mais ce fut en vain. Le corps suintait toujours. Le docteur Elias El-Onaissi, dans une déclaration écrite en 1921, raconte : " J’ai vu au couvent d’Annaya le corps du père Charbel… Ayant attentivement examiné ce cadavre, j’ai remarqué que ses pores livraient passage à une matière comme la sueur… J’ai maintes fois recommencé le même examen à des époques différentes ; le phénomène a toujours été le même. "

Maintes fois, en effet, puisque ce suintement et cette incorruption du cadavre ont duré pendant plus de cinquante ans…

En 1927, le corps fut placé dans un cercueil de bois recouvert de zinc, isolé du sol, et la tombe minutieusement scellée dans un mur de la crypte.

En 1950, soit vingt-trois plus tard, ce même mur se mit à suinter un liquide rosé et visqueux… On fit rouvrir la sépulture : le liquide provenait du cercueil. L’enquête canonique commit trois médecins pour expertise qui observèrent que la " sueur de sang qui avait déjà été constaté depuis 1899 jusqu’en 1927 suintait toujours sans interruption de la même façon que lors de la précédente exhumation et, répandue sur tout le corps, avait imprégné les vêtements sacerdotaux. Une partie de la chasuble était pourrie, ainsi que le fond du cercueil de bois ; le fond du cercueil de zinc était fendu à l’endroit des pieds… "

C’est donc ce liquide qui, suintant dans ce cercueil fendu, avait fini par imprégner, goutte à goutte, le mur de la crypte. Les témoins de ce spectacle incroyable attestèrent aussi que le corps du père Charbel avait conservé toute sa souplesse. Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

A nouveau, on replaça le corps dans un cercueil neuf, déposé dans un tombeau aux pierres cimentées. Comme les pèlerins commençaient à affluer, on accepta de le mettre dans une châsse qui permettait de le voir.

En 1952, soit cinquante-quatre ans après la mort du saint ermite, de nombreuses personnes ont pu observer que le corps était intact et qu’il suintait toujours cet étrange liquide. Parmi eux, le docteur Georges Choukrallah, qui examina trente-sept fois ce cadavre en dix-sept ans, écrit :

" Après avoir examiné maintes fois ce corps intact, j’ai été toujours étonné de son état de conservation et surtout de ce rougeâtre qui suinte. C’est un phénomène si unique qu’aucun médecin n’en a vu de semblable… "
 

Si le cas du père Charbel était unique, on serait peut-être en droit de rejeter tous ces témoignages malgré le sérieux des enquêtes canoniques.

Mais l’histoire des mystiques montre que bien d’autres cas d’incorruption sont attestés. Certains sont anciens, d’autres tout récents.


Hélène Renard, " Des prodiges et des hommes ", Philippe Lebaud Editeur.

Un article en anglais : Incorruptibility


Démonologie tibétaine



D'après les textes ésotériques, le sataniste fait un pacte avec les forces ténébreuses de l’infra-monde. Son gourou est Satan que Dante plaçait au centre du globe terrestre. Le pacte avec Satan entraîne pour le psychisme de profondes transformations négatives, car l’arcane du satanisme est la haine.

De nombreux rituels de la démonologie tibétaine relèvent de cet arcane. Les "protecteurs " courroucés du panthéon tibétain sont souvent des entités démoniaques qui ont pour mission de détruire et de tuer les adversaires du lamaïsme. 


Selon " Le Manuscrit d’Or ", le cinquième dalaï-lama célébrait les cultes des entités courroucées. Dans les rituels du cycle du rD-rje gro-lod gnam-lcags ‘bar-ba, l’encens est remplacé par la chair humaine brûlante (sha-chen-gyi bdug-spos), les lampes sont alimentées par de la graisse humaine fondue (tshil-chen-gyi mae-me), le sang remplacet l’eau rituelle, les fleurs sont substituées par des yeux… Une peau humaine (g.yang-gzhi) et un crâne sont utilisés par le magicien tantrique qui suit les instructions données par Zur Chos-dbying rang-grol. L’initiation à l’entité protectrice gSang- sgrub, un aspect particulier de dPal-dan lhamo, exige une tête humaine fraîchement coupée. 

Magie tantrique



Dés l'antiquité, certains prêtres utilisaient des trucages pour simuler des dons surnaturels et des manifestations extraordinaires des dieux.

En Egypte, Isis était la déesse de la magie. Le mage égyptien, à la fois prêtre et guérisseur, était un personnage estimé et influent de la société. Le Papyrus de Westcar, conservé au musée d’art égyptien de Berlin-Charlottenburg, relate les exploit du magicien égyptien Dedi de Dedsnefru (ou Meidoum). Il vivait en 2700 avant J.C..

Du persan " mag " et du grec " mageia ", la magie était à l’origine la science des mages iraniens, les Maga. C’était le " peuple des Mages " qu’Aristote déclarait être plus anciens que les égyptiens. Cette tribu était spécialisée dans les rites. Des maga s’installèrent en Inde avant les invasions aryennes.


Magie égyptienne et Tantra, l’opinion d’Edward Conze.


"Au Tibet l’ancienne secte Rouge, dont les adhérents portent des robes rouges au lieu de jaunes, prêchent et pratiquent une doctrine ésotérique qui à l’origine avait été introduite par le prince indien Padmasambhava vers 750 après J.-C. Padmasambhava était un faiseur de prodiges qui ne fit au Tibet que deux courtes visites. Durant les brefs dix-huit mois de son séjour il n’en exerça pas moins une influence qui se ressent aujourd’hui encore au Tibet, en dépit du fait que l’Eglise Jaune officielle a combattu sa doctrine pendant cinq siècles. La raison principale de l’influence durable de Padmasambhava semble résider dans le fait que son interprétation du bouddhisme – une forme du Tantra – est très proche du Bönisme, la religion indigène du Tibet. Les adeptes de Padmasambhava sont appelés d’ordinaire les Nyingmapa, littéralement " Les Anciens ". La raison d’être de cette épithète est que leurs doctrines s’introduisirent en gros entre 750 et 850, c’est-à-dire dans la période qui précéda la grande persécution du bouddhisme par le roi Lang Darma (836-41).

Il est bien évident que les doctrines magiques secrètes, vu qu’elles ne prétendent pas se justifier par le raisonnement seul, exigent une certaine forme d’inspiration pour leur conférer de l’autorité. La tradition Nyingmapa prétend se fonder sur deux sources d’autorité. Les fondements initiaux de la doctrine avaient été transmis directement de maîtres indiens. En outre, le Nyingmapa a admis, comme la tradition hermétique du monde méditerranéen, que la tradition possédait une base supplémentaire dans la découverte des textes enfouis (gterma). Padmasambhava et autres maîtres enfouissaient certains textes dans des endroits écartés, qui devaient être découverts au moment voulu par des personnes prédestinées, si jamais se produisait le besoin d’une révélation supplémentaire. Pareillement les textes hermétiques traitant d’astrologie, d’alchimie, de magie, etc., se flattent dans bien des cas de représenter des livres écrits par d’anciens sages, qu’on doit " découvrir " et éditer quand les temps sont mûrs. Cela semble bien confirmer à nouveau notre opinion, suivant laquelle une grande partie du Tantra est une fusion entre la magie égyptienne sous sa forme gnostique, d’un côté, et la métaphysique du Mahâyana, de l’autre. Les textes enfouis au Tibet ont été déterrés à partir de 1125 environ. Parmi eux, il y a des ouvrages d’une grande valeur. " 


Vivre sans manger



Le jeune Ram Bahadur Banjan, proclamé « nouveau bouddha » par la dévotion populaire, doit une grande part de sa renommée à son extraordinaire abstinence alimentaire, réelle ou feinte...

L’inédie des yogis tibétains

Devant les journalistes venus l’interviewer, Matthieu Ricard, moine et interprète français du Dalaï-lama, se garde de révéler les secrets des yogis inédiques capables de vivre sans nourriture. Les escrocs et les gourous pullulent, ils sont toujours à l’affût d’une nouvelle malversation. La notoriété de Matthieu Ricard aidant, ils auraient vite mis sur le marché de la spiritualité « les secrets des yogis inédiques ».

La méthode existe, mais sa mise en pratique exige la maîtrise d’une forme spéciale de contemplation. Sans cette condition, le procédé des yogis tibétains jeûneurs s’avère inopérant et dangereux pour les plus obstinés.

Le lama Bonpö Tsewang Rigzin enseignait l’art de se sustenter d’énergie subtile. Les yogis apprenaient la technique respiratoire nommée « kumbhaka ». Ils maîtrisaient la contemplation de la nature de l’esprit, contemplation que les adeptes de la Grande Perfection appellent « trekchö ». Une médecine complétait l’ascèse. Sa forme la plus simple se limite à quelques grammes d’ARURA (Terminalia Chebula du genre des myrobolans), la panacée des tibétains. D’autres traditions tibétaines proposent des compositions médicinales complexes pour accompagner CHUNG LEN, l’ascèse alimentaire des yogis, des nangpa solitaires.


Pour rester en bonne santé, il ne faut jamais acheter des préparations médicinales portant la mention « Chung len ». Les aigrefins ne reculent devant rien pour s’enrichir, leurs poudres de perlimpinpin coûtent beaucoup plus cher que l’ARURA naturel en vente sur les marchés villageois de l’Himalaya.

Jasmuheen, la prophétesse du respirianisme, ne commercialise pas la technique de chung len, mais son goût prononcé pour l’argent et le channelling incite à la méfiance.

L’inédie de Mollie Fancher

Bien entendu, Jasmuheen, inédique du Nouvel Age, refusa les contrôles médicaux. En revanche, une véritable inédique fut observée en milieu hospitalier durant quatorze années.
Mollie Fancher n’était pas une inédique mystique comme Angèle de Foligno ou Catherine de Sienne. Elle avait pourtant des aptitudes médiumniques.

« Malade dès l’enfance, atteinte de tuberculose, elle cessa à quinze ans de manger. Parlant « d’indigestion nerveuse », les médecins lui conseillèrent de prendre de l’exercice, ce qui lui valut un traumatisme crânien après une chute de cheval. A dix-huit ans, invalide incurable, elle s’alita. Pliées sous elle, ses jambes se tordirent et s’atrophièrent, son bras se paralysa, elle devint aveugle. Totalement inédique, elle ne dormait pas. Sujette aux convulsions, elle demeurait sous contrôle médical permanent, avec garde de nuit, ce qui rendit impossible toute fraude alimentaire, pour laquelle n’existait d’ailleurs aucun mobile. Son médecin, le Dr Speir, lui administra des émétiques. « L’estomac ne rejeta rien, dit-il, prouvant ainsi qu’il était vide. » On tenta de la nourrir de force avec une pompe stomacale, mais « cela la jeta dans des convulsions et sa gorge se noua ». Naturellement, pendant ses quatorze années d’inédie, toutes les fonctions d’évacuation se trouvèrent interrompues, comme en témoignèrent les infirmières. L’estomac s’atrophia. Le médecin ne trouvait plus l’estomac à la palpation. Il conclut :


« Je peux dire avec certitude qu’elle n’a rien mangé pendant quatorze ans. Ce cas renverse toutes les thèses médicales existantes. En un mot, il est miraculeux. »


Jean Guitton, Jean-Jacques Antier, « Les pouvoirs mystérieux de la foi ».

Aimé Michel signale plusieurs cas de jeûnes « prodigieux » attestés par des autorités médicales :


- l’inédie de Janet MacLeod fut consignée dans les Comptes rendus de la Royal Society d’Angleterre ;
- le cas de Marie Fürtner fut étudié par le Dr Karl von Schafhäukl ;
- le jeûne inexpliqué de Joséphine Durand intéressa plusieurs médecins.

Les inédiques mystiques chrétiennes les plus célèbres du 20ème siècle sont Thérèse Neumann et Marthe Robin.



Le BOUDDHISME

 
Petit rappel de S. Batchelor



Si vous vous rendez en Asie et que vous visitiez un wat (en Thaïlande) ou un gompa (au Tibet), vous vous retrouverez dans un endroit qui ressemble fort à une abbaye, une église ou une cathédrale, un endroit dirigé par des gens qui ressemblent à des moines ou à des prêtres, décoré d'objets qui ressemblent à des icônes que l'on conserve dans des alcôves ressemblant à des chapelles et que des gens ressemblant à des fidèles révèrent.
Si vous parlez à l'une de ces personnes qui ressemblent à des moines, vous apprendrez que sa représentation du monde ressemble fort à un système de croyances, révélé il y a longtemps par une personne vénérée comme un dieu, et après la mort de laquelle de vénérables individus ont interprété ses " révélations " dans le sens d'une théologie. Il y a eu des schismes et des réformes qui ont donné naissance à des institutions exactement semblables à des Églises.

Le bouddhisme, semble t il, est une religion. N'est ce pas le cas ?

Quand on lui demandait ce qu'il enseignait, le Bouddha répondait qu'il parlait " de l'angoisse et de la fin de l'angoisse ". Interrogé sur des questions métaphysiques (l'origine et la fin de l'univers, l'identité ou la différence entre le corps et l'esprit son existence ou sa non existence après la mort), il restait silencieux. Il disait que le dharma est pénétré d'une seule saveur, celle de la liberté. Il n'affirmait rien au sujet de l'unicité ou de la divinité et il n'avait recours à aucun terme que nous traduirions par " Dieu ".

Gautama encourageait une vie mue par la recherche d'une voie médiane entre indulgence et mortification. Il se décrivait lui-même comme un enseignant sans parti pris et sans doctrine ésotérique réservée à une élite. Avant de mourir, il refusa de nommer un successeur, faisant remarquer que les gens devaient être responsables de leur propre liberté. La pratique du dharma serait un guide suffisant.

Cet agnosticisme existentiel, thérapeutique et libérateur fut formulé dans le langage qui était celui du lieu et de l'époque de Gautama, à savoir les cultures du bassin du Gange du VIè siècle avant notre ère. Critique radical à l'égard de nombreuses opinions profondément ancrées de son époque, il n'en était pas moins un homme de son temps. Les principes de vie qu'il imaginait voir perdurer longtemps après sa mort étaient influencés par les symboles, les métaphores, la représentation du monde dans lequel il vivait.

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Retour au Tibet


De rares lamas choisissent de rentrer au Tibet où ils sont plus utiles qu’en Occident. Ils ont bien compris que le Vajrayana attire des Occidentaux en mal de loisirs insolites. D’autres lamas, moins scrupuleux, font fortune en exploitant la soumission traditionnelle du disciple au maître.

« Quand les figures dévotionnelles étaient d’humbles moines à la vie simple et à l’éthique austère, ce don de soi pouvait sans doute être envisagé comme un engagement profond de leurs quelques disciples. Mais aujourd’hui avec des « maîtres » qui sont devenus pour certains, en quelque sorte, des businessmen du Dharma, menant la vie internationale des hommes d’affaires ou des politiques - carte gold, classe affaire et suites dans des hôtels cinq étoiles - ce sacrifice du corps, de la parole et de l’esprit de leurs très nombreux disciples dispersés dans le monde entier a perdu son sens ancien. Mais de plus il peut être risqué et décevant pour ces derniers. La tentation de fédérer les milliers d’adeptes en exigeant d’eux ce don de soi total est devenu irrésistible pour des gourous qui veulent aller vite, convertir, augmenter leur part du marché spirituel, voire se mesurer parfois avec une branche concurrente de leur propre lignage schismatique.


Car c’est la notion même de « relation de maître à disciple » qui s’est ainsi dévoyée : les nouveaux disciples ne voient leur maître que rarement, une fois par an peut-être, parfois moins enore, au gré de ses villégiatures par avion, ne le connaissent pas intimement, doivent jouer des coudes parmi des centaines d’autres disciples pour lui dire quelques mots… Sur les plateaux du Tibet, jusqu’au dix-neuvième siècle, le maître vivait le plus souvent dans la proximité de ses disciples, parfois juste quelques personnes plus jeunes, des familiers en somme, qui à son contact pouvaient apprendre, deviner, comprendre et établir une relation humaine avec lui sur la durée. Et il fallait compter alors en années, voire en décennies, pour envisager cette rencontre progressive avec l’instructeur.


Ainsi le néo bouddhisme a gardé les apparences anciennes du bouddhisme, mais la substance de l’apprentissage a été dévoyée pour se conformer à l’ère globale de la consommation de masse de loisirs spirituels. » 


Marc BOSCHE

LE LAMAÏSME EN MONGOLIE



En 1920, un ingénieur polonais, pourchassé par les bolcheviks, gagne la Mongolie.

En Mongolie, pays des miracles et des mystères, vit le gardien du Mystérieux et de l’Inconnu, le Bouddha vivant, Sa Sainteté Djebtsung Damba Houtouktou Khan, Bogdo Gheghen, pontife de Ta Kure. C’est l’incarnation de l’immortel Bouddha, le représentant de la lignée ininterrompue de souverains spirituels régnant depuis 1670, qui se transmettent l’esprit toujours plus affiné de Bouddha Amitabha joint à Shén-rézi, l’esprit miséricordieux des montagnes. En lui est tout, même le mythe du soleil et la fascination des pics mystérieux de l’Himalaya, les contes des pagodes de l’Inde, la sévère majesté des conquérants mongols, empereurs de l’Asie toute entière, les antiques et brumeuses légendes des sages chinois ; l’immersion dans les pensées des Brahmanes ; la vie austère des moines de l’Ordre Vertueux ; la vengeance des guerriers éternellement errants, les Olets, avec leurs Khans, Batur Hun Taigi et Gushi ; le fier héritage de Gengis et Koublai Khan ; la psychologie cléricale réactionnaire des lamas ; le mystère des rois tibétains commençant avec Srong-Tsang Gampo ; l’implacable cruauté de la secte jaune de Paspa. Toute la brumeuse histoire de l’Asie, de la Mongolie, du Pamir, de l’Himalaya, de la Mésopotamie, de la Perse et de la Chine, entoure le Dieu vivant d’Ourga. Ainsi ne doit-on pas s’étonner que son nom soit vénéré tout le long de la Volga, en Sibérie, en Arabie, entre le Tigre et l’Euphrate, en Indochine et sur les rives de l’océan Arctique.

Pendant mon séjour à Ourga, je visitai plusieurs fois la demeure du Bouddha vivant ; j’ai causé avec lui et j’ai observé sa vie. Ses savants marambas favoris m’ont longuement entretenu de lui. Je l’ai vu lire des horoscopes, j’ai entendu ses prédictions, j’ai consulté ses archives de livres anciens, les manuscrits contenant la vie et les prédictions de tous les Bogdo Khans. Les lamas me parlèrent avec franchise et sans réserve, la lettre du Houtouktou de Narabanchi m’ayant gagné leur confiance.

La personnalité du Bouddha vivant présente la même dualité que l’on retrouve dans tout le lamaïsme. Intelligent, pénétrant, énergique, il s’adonne en même temps à l’alcoolisme, qui a causé sa cécité. Lorsqu’il devint aveugle, les lamas tombèrent dans le désespoir le plus profond. Quelques-uns assurèrent qu’il fallait l’empoisonner et mettre à sa place un autre Bouddha incarné ; les autres firent valoir les grands mérites du pontife aux yeux des Mongols et des fidèles de la religion jaune. Ils décidèrent finalement de bâtir un grand temple, avec une gigantesque statue de Bouddha, afin d’apaiser les dieux. Ceci cependant ne réussit pas à ramener la vue du Bogdo, mais lui donna l’occasion de hâter le départ pour l’autre monde de ceux d’entre les lamas qui avaient fait preuve d’un radicalisme excessif quant à la méthode de résoudre le problème de sa cécité. (…)

L’estime et la fidélité religieuse la plus profonde entourent le pontife aveugle. Devant lui tous se prosternent, face contre terre. Les khans et les houtouktous s’approchent de lui à genoux. Tout ce qui l’entoure est sombre et plein d’antiquité orientale. Le vieillard aveugle et ivrogne, écoutant un air banal de phonographe, ou donnant à ses serviteurs une secousse électrique avec sa dynamo, le féroce tyran empoisonnant ses ennemis politiques, le lama maintenant son peuple dans les ténèbres, le trompant par ses prédictions et ses prophéties, est cependant un homme différent des autres. "
Ferdinand OSSENDOWSKI, "Bêtes, hommes et dieux".


Le lecteur entrevoit dans ce passage du récit de Ferdinand Ossendowski une critique du lamaïsme. Les critiques d’un proche du Dalaï-lama, Herbert Röttgen, alias Victor Trimondi, complètent celles de Ferdinand Ossendowski. Elles révèlent des aspects obscurs se rapportant au royaume mystérieux de
Shambhala, nommé aussi Shangri-la. Pour Ossendowski, la terre mythique des grands initiés tantriques se nomme Agarttha. Selon les informations réunies par Ossendowski durant ses voyages, l’Agarttha est un royaume souterrain, ce qui peut faire frémir des lecteurs sur la nature des initiés du monde d’en bas.

Za-zen & infantilisme





L'exagération du ZA-ZEN qui s'est manifestée secondairement résulte alors peut-être de la transformation des monastères en pensionnats de jeunes gens. Les faire rester immobiles pendant des heures sous la férule de moniteurs armés de bâtons est assurément la meilleure méthode pour éviter qu'ils commettent des sottises.
ALAN W.WATTS

 

Bien que la méditation tch'an (zen) soit dite "assise", elle ne dépend nullement de cette position. "Ne rien se remémorer, lit-on dans le Traité de l'Illumination dans l'Essence, voilà ce qu'on appelle "concentration et recueillement" (tch'an-ting). Si vous comprenez ce que cela signifie, concentration et recueillement sont possibles alors que vous marchez ou vous tenez debout, alors que vous êtes assis ou couché. 

PATRICK CARRE



Le Dalaï-lama traduit devant la Haute Cour de Justice de l’Inde



Au Tibet, des bouddhistes et des Bönpo ne sont pas emballés par l’idée du retour au pouvoir des religieux. Les plus âgés se souviennent de la condition des humbles sous le joug des lamas. Ils ne cachent pas à leurs enfants et petits enfants qu’ils ont échappé au servage grâce aux Chinois. Les exploiteurs du peuple tibétain ont pris la fuite. Les anciens seigneurs et les dignitaires religieux, avec l’aide des Américains anticommunistes, ont fabriqué le mythe d’un Tibet idyllique.

Des Tibétains s’accommodent fort bien de la gestion chinoise. Cette vérité irrite beaucoup le Dalaï-lama et ses amis Etasuniens. Elle est occultée par les médias occidentaux aux ordres de l’empire anglo-américain. L’empire convoite le Tibet depuis des décennies. Il utilise la "bouddhamania", fabriquée par une propagande de victimisation des lamas et les artifices d’Hollywood, pour prendre le contrôle du Tibet et mettre au pouvoir un gouvernement de prélats fantoches.

Des moines tibétains ne sont pas hostiles aux Chinois, ils sont nombreux parmi les adeptes du culte de Shougden. Cette entité se serait incarnée au 17ème siècle dans un lama rival du cinquième Dalaï-lama. Ce rival aurait été assassiné par le parti du pontife tibétain. Le cinquième Dalaï-lama était l’artisan, avec l’appui des armées mongoles, du pouvoir religieux centralisé et autoritaire. Il n’est pas surprenant de voir des opposants se regrouper sous la "bannière" d’une victime de ce pouvoir religieux.

Le Dalaï-lama est déterminé à éradiquer le culte de Shougden et à excommunier ses adeptes. Un reportage de France 24 révèle l’existence de la persécution religieuse orchestrée par le prix Nobel de la paix.

Traités en parias, exclus des monastères, victimes de brimades, des adeptes de Shougden traduisent le Dalaï-lama devant la Haute Cour de Justice de l’Inde. Le chantre de la tolérance et de la compassion est accusé de persécution religieuse.


Près de 100 000 réfugiés tibétains vivent en Inde. Un exil qui a commencé en 1959 lorsque le premier d'entre eux, le dalaï-lama, a fui le Tibet après l'invasion chinoise. Près de cinquante années plus tard, une scission semble apparaître au sein de la communauté tibétaine bouddhiste.

D'un côté, les fidèles du dalaï-lama et du culte traditionnel qu'il incarne. De l’autre, les adeptes du culte Dorjé Shugden, une déité du bouddhisme traditionnel tibétain que le dalaï-lama considère comme un démon. Ces derniers ne croient plus en leur leader spirituel et sont ostracisés par leurs pairs.

Derrière la divergence spirituelle, un enjeu politique : les Shugden sont ouvertement accusés par le dalaï-lama de soutenir la Chine et de trahir la cause tibétaine.

Des adeptes mis au banc

"Regardez ce qui est écrit : les pratiquants de Shugden n’ont pas le droit de rentrer dans ce magasin", se lamente Delegtang, un moine shugden. Depuis deux mois, à Balykoppe, son village de réfugiés tibétains du sud de l'Inde, toutes les portes lui sont fermées, à lui et aux membres de sa communauté.

"J’ai fait le serment auprès de sa sainteté le dalaï-lama de ne plus avoir aucun lien avec les pratiquants shugden, ils font du mal à la cause tibétaine", assène une commerçante.
"Le dalaï-lama est notre seul pilier, il est la seul personne sur qui l'on puisse compter", explique un moine fidèle à son chef spirituel.
En quelques mois, la ville a mis au banc une partie de sa population. Les moines shugden ne peuvent en effet plus entrer dans les commerces, les lieux publics et même dans les hôpitaux. Dans les rues, on peut voir les portraits de leurs leaders placardés sur les murs, comme des hors-la-loi. 

Un discours violent du dalaï-lama

Le 7 janvier, le dalaï-lama a prononcé un discours d’une rare violence dans une université du sud de l’Inde. Devant des centaines de moines, il a fermement condamné le mouvement shugden et ses adeptes. "Je n’ai pas interdit les Shugden pour mon propre intérêt, j’y ai mûrement médité et réfléchi en mon âme et conscience."
Quelques semaines après le discours du dalaï-lama, les moines shugden ne pouvaient plus entrer dans les monastères. Le début, peut-être, d'un schisme qui pourrait exclure les quatre millions de Tibétains adeptes de cette religion. 

Les moines récalcitrants se regroupent désormais à l'écart des lieux de culte. Ils sont vus comme des rebelles, des traîtres, qui ont tourné le dos à leur maître spirituel.

A la question "le dalaï-lama va-t-il vraiment réussir à interdire une religion ?", les moines répondent catégoriquement : "Il n’y arrivera pas parce que nous sommes dans le vrai". "D’un coté, le dalaï-lama parle tout le temps de liberté de religion et de compassion et, de l'autre, il nous interdit de pratiquer notre religion et nous chasse des monastères. C'est incohérent, on ne croit plus du tout en lui", témoigne l’un de ces moines.

Soupçons sur le dalaï-lama : ses démons seraient-ils plus politiques que spirituels ? Réponse à Dharamsala, au nord de l'Inde – le fief du dalaï-lama. C'est là qu'il vit, dans ce monastère, depuis qu'il a fui le Tibet, il y a 50 ans. C'est aussi là que siège le gouvernement tibétain en exil. Pour le Premier ministre, les Shugden sont avant tout des ennemis politiques, des ennemis de l'intérieur.

Amitiés chinoises

"Ils sont prêts à tuer n’importe qui, à frapper n’importe qui", affirme-t-il. Les Shugden, des assassins, mais surtout traîtres politiques à la solde des Chinois, selon les proches du dalaï-lama. "Les Shugden et les Chinois sont liés, c’est évident, poursuit-il. Les pratiquants shugden sont tous financés par les Chinois."Le chef de la sécurité nous montre la photo d’un Shugden très influent. "Il a visité la Chine au moins deux ou trois fois, nous explique-t-il. Il est utilisé par les Chinois à des fins politiques.

"Nous avons retrouvé l'homme figurant sur la photo. Il vit dans le sud de l'Inde, entouré d'une dizaine de disciples.

Il vient de déposer plainte contre le dalaï-lama devant la Haute Cour de justice indienne pour persécution religieuse. Il nie travailler pour le compte de la Chine mais ne pas cache son amitié pour le pays. "J’apprécie beaucoup les Chinois et j'approuve ce qu’ils sont en train de faire au Tibet", dit-il. Et d'ajouter "ce que nous sommes en train de vivre avec le dalaï-lama laisse facilement imaginer ce que pouvait être dans le passé son régime théocratique au Tibet. C'était beaucoup plus violent que ce que vivent aujourd'hui les Tibétains.

"En Inde, les fidèles shundgen sont aujourd'hui obligés de se cacher. Derrière cette chasse aux Shugden : la peur de l'infiltration chinoise dans les rangs des réfugiés tibétains. Cette fissure pourrait s’avérer dangereuse dans le combat pour l'autonomie du Tibet.


Sunday, September 14, 2014

Le Pachen Lama au congrès national de l’Association Bouddhiste de Chine



La dialectique matérialiste des communistes chinois n’a ni éradiqué le bouddhisme ni interdit les pratiques pseudo-bouddhistes du lamaïsme. D’ailleurs, le représentant du lamaïsme, Bainqen Erdini Qoigyijabu, le jeune Panchen Lama, est toujours le bienvenu au congrès national de l’Association Bouddhiste de Chine.

Le Karma



Réseau Parental Europe m'informe que http://www.aiiap.org, site espagnol de lutte contre les manipulations mentales, a mis en ligne les témoignages de deux victimes du bouddhisme tibétain.

Dans les deux cas, la doctrine du karma est utilisée pour abuser les adeptes des centres bouddhistes incriminés : Sakya Tashi Ling du Garraf en Catalogne, connu pour ses CD de mantras, et La Nouvelle Tradition Kadampa.

Le karma

« Le nirvana reste dans l'ensemble un concept trop vague pour la plupart des pratiquants, un but lointain qu'on ne mentionne que pour la forme, un cadre absolu qui sert surtout à relativiser l'existence et à la mettre en perspective. L'acte (karma), ou plus exactement la rétribution des actes, fournit un concept beaucoup plus opératoire, car il permet d'expliquer les structures de ce monde et de l'autre, les inégalités sociales et le destin individuel. Sans remettre en question la hiérarchie sociale, il autorise à espérer une amélioration de la destinée individuelle en cette vie ou dans les suivantes. Mais il fonde aussi la morale, et renforce toutes les idéologies de domination : on naît pauvre ou esclave parce qu'on le mérite, il n'y a plus de raisons de se révolter, mieux vaut chercher à se réformer soi-même dans l'espoir d'une renaissance heureuse. L'accumulation des mérites, le bon karma, permet bien sûr d'espérer la délivrance finale, et tel est le but avoué de la pratique bouddhique. Mais dans la réalité, on en attend surtout l'amélioration de l'existence présente ou future, les honneurs et la richesse si l'on est laïc, l'obtention de pouvoirs spirituels ou magiques si l'on est moine et ambitieux.

Le karma a aussi servi, dans une certaine mesure, à « désenchanter le monde » en y introduisant une rationalité inexorable. Dura lex, sed lex. Cette loi d'airain vaut mieux, à tout prendre, que les redoutables caprices des dieux et des démons des mythologies archaïques. Rien n'est plus effrayant que l'inconnu, et un au-delà infernal, mais bien connu, humanisé malgré ses tortures inhumaines, peut paraître dans le fond préférable à l'angoisse d'un vague monde des ombres comme le Sheol juif, l'Hadès grec ou l'ancien yomi no kuni japonais. L'enfer chrétien, quant à lui, a hérité nombre de ses motifs des enfers bouddhiques. […]

Dans le « subitisme » Chan, on voit apparaître une tendance à nier, non seulement tout acte qui entraînerait rétribution, mais la pertinence de la loi karmique elle-même. Le maître Chan Linji représente sans doute l'exemple le plus radical de cette réinterprétation :

« Vous dites de toutes parts qu'il y a des pratiques à cultiver, des fruits à éprouver. Ne vous y trompez pas ! S'il y a quelque chose à obtenir par la culture, tout cela relève de l'acte, qui fait naître et mourir. Vous dites que vous cultivez toutes ensemble les dix mille pratiques des Six Perfections : je ne vois là que fabrication d'actes. Chercher le Bouddha, chercher la Loi : autant d'actes fabricateurs d'enfer. Chercher le Bodhisattva, c'est aussi fabriquer de l'acte. Ou encore lire les Textes, lire l'Enseignement — fabrication d'actes. Les Bouddha et les maîtres-patriarches sont gens sans affaires. Adeptes, il n'y a pas de travail dans le bouddhisme. Le tout est de se tenir dans l'ordinaire, et sans affaires : chier et pisser, se vêtir et manger... Soyez votre propre maître où que vous soyez, et « sur-le-champ vous serez vrais ». Les objets qui viennent à vous ne pourront vous détourner. Il n'est pas jusqu'à vos imprégnations antérieures, et aux cinq péchés entraînant damnation immédiate, qui ne vous deviennent alors océan de délivrance. »

Tous les maîtres Chan, et à plus forte raison les autres bouddhistes chinois, ne partageaient cependant pas le radicalisme de Linji, et beaucoup le jugeaient dangereux, dans la mesure où il remettait en cause la discipline monastique et les œuvres méritoires. »
 
Bernard Faure, Bouddhismes, philosophies et religions.



De nos jours, toutes les écoles bouddhistes, même celles qui prétendent transmettre l'enseignement de Linji, recommandent la pratique d'actes méritoires afin de capitaliser du bon karma. Donner son argent et ses biens au gourou est considéré comme l'œuvre méritoire par excellence qui procurera le bonheur... dans une autre vie.

Yoga & quête de soi



Le yoga a grande vogue de nos jours, même en Occident, où on en disserte peut-être plus que dans l'Inde elle-même. Il arrive malheureusement que cette vulgarisation fasse parfois perdre de vue le sens véritable du yoga. Le yoga est en effet avant tout une technique pour ramener et fixer l'esprit dans son centre. Le but du yoga est essentiellement de conduire le spirituel à la nue conscience de son existence, par-delà toutes les manifestations d'ordre phénoménal perceptibles à ses sens et à sa pensée. En ce centre ou cette cime de soi seulement, l'homme s'atteint et se réalise en la vérité de son être, plus exactement peut-être, de son acte d'exister. Il accède à ce que l'Inde appelle l'état de kevala, c'est-à-dire d'isolation où il se situe soi-même par rapport à tout ce qui n'est pas lui de façon essentielle et permanente, de tout ce qui en lui est simplement relatif et mouvant, les vritti ou tourbillons de sa pensée aussi bien que les transformations incessantes de son organisme. Il se découvre comme absolu et, par le fait même, réalise la parfaite liberté et la totale indépendance de sa personne. De ce point central de son être où il est lui, où il est soi-même, simplement, sans adjonction ou mélange d'aucune sorte, il est à même de dominer et de contrôler, sans que rien échappe, toutes les manifestations psychologiques, voire physiologiques, de sa vie.

Le moyen par excellence de parvenir à cet état est le contrôle progressif et de plus en plus serré de l'activité mentale, et, à la limite, son arrêt total. Dans cet arrêt précisément, la conscience qu'on a de soi brille enfin d'un éclat non mélangé et remplit à elle seule le champ total de la perception mentale. En vue de rendre possible ou du moins plus aisée cette maîtrise du flux mental, des exercices divers furent imaginés puis éprouvés par une longue expérience. Le plus important en est la méditation qui concentre l'esprit sur un point précis, physique, imaginatif ou mental. Il ne s'agit point ici de méditer au sens occidental du mot, d'imaginer par exemple une scène et d'en contempler successivement les différentes parts, ou bien de réfléchir sur une idée et d'en examiner les divers aspects. Au contraire la méditation yoguique vise à réduire à un point indivisible le champ de la conscience, à réaliser l'unité d'attention, à maîtriser la dispersion et à contraindre l'esprit au silence. Les exercices de postures (âsana) ou de respiration (prânâyâma) ont valeur purement préparatoire et sont tout ordonnés à cette fixation du psychisme. Leur but immédiat est de permettre au yogi de contrôler, de rythmer, voire d'immobiliser ou presque ses muscles, surtout ceux qui commandent les mouvements respiratoires. C'est qu'en effet il y a interconnexion entre le psychisme de l'homme et son organisme physiologique, et correspondance plus profonde encore, dit la tradition, entre le souffle vital (prâna) et le principe intérieur de la vie.

Le yoga étant une technique, il ne pouvait manquer de lui arriver ce qui arrive à toute technique, qu'elle soit d'ordre physique, psychique, social ou religieux. La technique en soi retient de plus en plus l'attention, et les moyens risquent d'être valorisés pour eux-mêmes aux dépens de la fin primitivement poursuivie. Les dangers alors du yoga ne sauraient être minimisés.

L'un des plus graves est de faire surgir au fond de la conscience du yogi une espèce de sur-moi, si puissant éventuellement qu'il est capable de contrôler et de dominer la conscience phénoménale, le flux mental et même les mouvements musculaires. Un tel sur-moi n'est en définitive qu'une exaltation du moi, de Pahamkâra, une prolifération cancéreuse de l'ego, un point de la conscience grandi démesurément par rapport au reste. Telle est la source de l'orgueil luciférien de certains yogis. Descendant au fond d'eux-mêmes, ils font effort pour passer soi-disant de soi au Soi. Mais ce vers quoi ils tendent et qu'ils appellent le Soi n'est finalement qu'une projection de leur pensée, le but qu'ils ont conceptualisé et qu'ils se forcent à atteindre. Ce n'est point alors à la perte de leur moi dans le Soi suprême qu'ils parviennent, comme ils se le figurent. Tout au contraire, conséquence même de l'attitude pélagienne qui a accompagné toute leur ascèse, c'est leur propre ego, avec toutes ses particularités et limitations, que, par leur concentration de pensée et leur force de volonté, ils ont enflé de façon monstrueuse et promu au rang de l'absolu.

En quête de soi.

La méthode spirituelle de Ramana Maharishi — si par analogie on peut employer ce terme – était tout autrement libre et dépouillée. Elle découlait tout entière de son expérience personnelle ; il cherchait simplement à aider ses disciples à réaliser par eux-mêmes ce que lui-même avait un jour ressenti.

A quiconque venait le trouver et lui demandait sincèrement que faire pour progresser dans la voie spirituelle, Sri Ramana conseillait régulièrement la pratique du ko'ham, c'est-à-dire de l'interrogation mentale : « Qui (suis-) je ? ». C'est ce qu'il appelait l'âtma-vicâranâ, « investigation de l'âtman », c'est-à-dire la quête, la recherche, la poursuite de soi au-dedans de soi, au-delà de toute manifestation périphérique du je. L'âtma-vicâranâ consiste en la pénétration incisive de l'esprit jusqu'au fond de la conscience, à rebours pour ainsi dire du mouvement centrifuge de la pensée, remontant de pensée en pensée, plus exactement d'une pensée donnée à la conscience qu'on a de penser cette pensée, puis à la conscience de cette conscience et ainsi de suite. Tout particulièrement cette enquête ou investigation doit porter sur la pensée du je et la conscience de soi, sous-jacentes à toute pensée et à tout mouvement du psychisme. Il s'agit d'atteindre là précisément où toute pensée et d'abord la première de toutes, le je, la pensée de soi, jaillit au fond et au centre de l'être. Dans son Upadesha saram, Sri Ramana appelle ce point le « lieu de la source » ; et c'est justement le paradoxe : le filet d'eau sort de la source, mais dès que l'eau coule, ce n'est déjà plus la source... le but indéfiniment se dérobe.

Certains interprétaient son enseignement comme une voie négative d'approche : je ne suis pas cette main, cette image, cette pensée, etc. Le Maharishi n'empêchait pas les débutants de commencer ainsi. Cependant il mettait soigneuse-ment en garde contre les inconvénients d'une telle méthode. En effet tout rappel à l'attention d'une pensée déterminée, serait-ce pour la nier, tout rappel à la mémoire d'un souvenir, serait-ce pour le repousser, risquent de leur conférer une vigueur nouvelle et de les fixer ainsi dans l'esprit, alors que précisément on voulait s'en débarrasser.

La voie conseillée par le Maharishi était, elle, essentiellement positive. C'était de chercher, en chaque instant, en chaque acte, qui en vérité est celui qui vit, qui pense, qui agit, d'être attentif à celui qui voit, dans l'acte de voir, à celui qui entend, dans l'acte d'entendre, etc... Il s'agissait de poursuivre sans relâche cette conscience de soi qui se dérobe derrière les phénomènes et événements de la vie psychique, de la découvrir, de la saisir en sa pureté originelle, nue encore en quelque sorte, avant que rien ne l'ait déjà recouverte, avant que rien ne se soit déjà mélangé avec elle. Ainsi saisie, il fallait la retenir de la plus fine pointe de l'esprit, pour l'empêcher de s'échapper à nouveau. C'était en fait s'efforcer d'atteindre à la personne, au soi, au-delà de toutes les manifestations de la nature. Sri Ramana tenait pour certain que cette investigation ne pouvait manquer de porter ses fruits, pourvu qu'elle se poursuivît sans relâche. Le soi phénoménal, le moi, poursuivi ainsi jusqu'en ses derniers retranchements disparaîtrait finalement comme par enchantement, à la façon d'un voleur pris sur le fait. Le JE essentiel seul brillerait alors dans la conscience stabilisée et la remplirait toute.

Le Maharishi ne refusait pas cependant les voies plus complexes du yoga pour qui s'y croyait appelé. Il ne s'imposait jamais à personne. Tant qu'un individu n'est pas encore prêt, pourquoi le forcer à prendre un chemin dont il n'est point capable ? Pourquoi chercher à devancer les temps ? La philosophie indienne du karma ou de l'évolution individuelle est ennemie des enseignements et des changements trop brutaux. Elle apprend à attendre l'heure avec patience et à ne pas se décourager devant la lenteur des résultats. Chacun n'est-il pas libre d'aller par la voie qui lui plaît, et le but ne sera-t-il pas atteint par chacun au moment fixé par la destinée? Cependant Sri Ramana allait, lui, directement à l'essentiel du yoga et y invitait nettement ceux qui lui faisaient confiance, laissant à leurs illusions ceux qui cherchaient simplement quelque approbation de sa part pour une décision qu'ils avaient déjà prise.

Il n'y avait qu'un seul exercice respiratoire qu'il recommandât vraiment, et cela encore pour ceux seulement qui avaient besoin d'accoiser leur corps et leur pensée. C'était de fixer l'attention sur le souffle successivement inhalé et exhalé. Par elle-même en effet cette concentration rythme et ralentit automatiquement le mouvement de la respiration. Par concomitance le flux mental bientôt prend lui-même un rythme plus régulier, se ralentit et permet la concentration intérieure.

Sri Ramana n'avait jamais pratiqué aucun yoga ni aucune ascèse. L'expérience transformante était comme tombée sur lui de façon foudroyante. [...]

Il n'y a pas à s'exercer en vue de la libération finale ou mukti, et pas davantage en vue de l'expérience du soi, qui lui est identique. En effet, qu'est-ce ce monde, qu'est-ce un autre monde ? qu'est-ce, réaliser ce que l'on est ? qu'est-ce, ne pas l'avoir encore réalisé ? S'efforcer consciemment et volontairement en vue de parvenir à cette « réalisation de soi » en est paradoxalement l'obstacle majeur. C'est en effet poser comme prémices que l'état naturel par excellence de l'homme sa condition innée, sahaja, comme aimait l'appeler le Maharishi — est quelque chose que l'homme ne possède pas encore — comme si l'homme pouvait ne pas être soi ! L'homme est-il moins homme dans l'inconscience du sommeil profond ?

La « quête du soi » que préconisait le Maharishi ne comporte aucun des dangers inhérents au yoga que nous signalions plus haut, du moins si le disciple lui demeure fidèle et ne s'en fabrique pas quelque succédané destiné à sauvegarder quand même quelque chose de son moi, au moins sous un nom d'emprunt. Cette méthode en effet ne laisse aucune place aux transferts du subliminal, aucune place pour l'inflation de l'ego. Elle est tout au long relaxation, dégagement, fuite vers l'intérieur et le réel. Elle ne permet aucun regard sur soi ; elle est à la fois libération et exigence suprême. Ascèse plus intransigeante que toutes, elle exclut même tout effort volontaire vers un but que l'homme se serait assigné. Elle n'admet aucun retour sur la pensée de soi, elle supprime, en s'attaquant à la racine même, toute complaisance de l'intelligence sur soi et en réalise ainsi la purification la plus radicale. Au plus intime de toute pensée, elle insère, à la façon d'un fer brûlant, le neti-neti des Upanishads, le « ce n'est pas encore cela ».


Dom Le Saux

L'idolâtrie du « salut »



Une des erreurs qui entravent le plus sûrement la réalisation intemporelle de l'homme consiste à voir à cette réalisation un caractère contraignant. Dans bien des systèmes « spirituels », religieux ou autres, l'homme a le « devoir » de faire son « salut » ; on dénie toute valeur à tout ce qui est « temporel » et on concentre toute la réalité imaginable sur le « salut ». Qu'il y ait là encore une idolâtrie est pourtant évident puisque la réalisation, vue ainsi comme une chose qui en exclut d'autres, n'est donc qu'une chose parmi les autres, limitée et formelle, et qu'elle est vue en même temps comme seule « sacrée » et incommensurablement supérieure à tout le reste. Toute la réalité déterminante, asservissante, dont l'homme dotait telles ou telles entreprises « temporelles » se cristallise maintenant sur l'entreprise du « salut », et cette entreprise devient la plus déterminante, la plus asservissante qui se puisse concevoir. Réalisation signifiant libération, on arrive à ce paradoxe absurde que l'homme est soumis au devoir contraignant d'être libre. L'angoisse de l'homme se concentre donc sur cette question de son salut ; il tremble à la pensée qu'il puisse mourir avant d'avoir atteint sa délivrance. Une si grave erreur de compréhension entraîne nécessairement inquiétude, agitation intérieure, sentiment d'indignité, crispation égotiste sur soi-même-en-tant-que-distinct, c'est-à-dire qu'elle interdit la pacification intérieure, la réconciliation avec soi-même, le désintérêt envers soi-en-tant-que-distinct, la diminution des émotions, en somme tout le climat intérieur de détente qui conditionne le déclenchement du satori (éveil).

L'homme qui se trompe ainsi pourrait cependant réfléchir un peu mieux. Il n'y a de devoir que par rapport à une autorité qui l'impose. Le fidèle de telle ou telle religion dira que « Dieu » est cette autorité qui lui impose le devoir de son salut. Mais qu'est donc ce « Dieu » qui en m'imposant quelque chose, est distinct de moi et a besoin de mon action ? Tout n'est donc pas inclus en sa parfaite harmonie ?

La même erreur se retrouve chez certains hommes assez évolués intellectuellement pour ne plus croire en un « Dieu » personnel. Ils semblent du moins ne plus y croire. Si l'on regarde de plus près, on voit qu'ils y croient encore. Ils imaginent leur satori, et eux-mêmes après le satori, et c'est là leur « Dieu » personnel, idole contraignante, inquiétante, implacable. Il faut qu'ils se réalisent, qu'ils se libèrent, ils s'effraient à la pensée de n'y pas parvenir, ils s'exaltent devant tel phénomène intérieur qui leur donne espoir. Il y a là « ambition spirituelle » qui s'accompagne nécessaire-ment de l'idée absurde du « Surhomme » qu'il s'agit de devenir, avec revendication de ce devenir, et angoisse.

Cette erreur entraîne, d'une façon fatalement logique, le besoin d'enseigner autrui. Notre attitude envers autrui est calquée sur notre attitude envers nous-mêmes. Si je crois qu'il me faut faire mon « salut », je ne puis éviter de croire qu'il me faut amener autrui à faire le sien. Si la relative vérité que je possède est associée en moi à un « devoir » de vivre cette vérité — devoir dépendant d'une idolâtrie consciente ou non — la pensée me vient nécessairement qu'il est de mon « devoir » de communiquer ma vérité à autrui. Au maximum, ceci donne l'Inquisition et les Dragonnades ; au minimum, ces innombrables églises, grandes et petites, qui, tout au long de l'Histoire, ont travaillé activement à influencer le mental d'hommes qui ne leur posaient aucune question, d'hommes qui, comme on dit familière-ment, ne leur demandaient rien. La réfutation de cette erreur que nous étudions en ce moment est parfaitement exposée dans le Zen (Ch'an), et, à notre connaissance, elle ne l'est parfaitement que là. Le Zen (Ch'an) dit à l'homme qu'il est libre dès maintenant, qu'il n'existe aucune chaîne dont il ait à s'affranchir ; il a seulement des illusions de chaînes. L'homme jouira de sa liberté dès qu'il cessera de croire qu'il a à se libérer, dès qu'il aura rejeté de ses épaules le terrible « devoir » du « salut ». Le Zen (Ch'an) montre le néant de toute croyance en un « Dieu » personnel, et la contrainte déplorable qui découle nécessairement de cette croyance. Il dit : « Ne mettez pas de tête au-dessus de la vôtre » ; il dit aussi : « Ne cherchez pas la vérité : cessez seulement de chérir des opinions. »

Pourquoi donc alors, diront certains, l'homme travaillerait-il à obtenir le satori ? Poser une telle question suppose absurdement que l'homme ne puisse s'efforcer vers le satori que sous la contrainte d'un devoir. Le satori représente la fin de cette angoisse qui est actuellement au centre de toute ma vie psychique et dont mes joies ne sont que des trêves ; est-il intelligent de me demander pourquoi je travaille à obtenir ce soulagement complet et définitif ? Si on persiste à me le demander, je répondrai : « Parce que ma vie sera tellement plus agréable ensuite. » Et, si ma compréhension est juste, je ne crains pas que la mort vienne, aujourd'hui ou demain, interrompre mes efforts avant leur aboutissement ; le problème de ma souffrance cessant avec moi, pourquoi m'inquiéterais-je de ne plus pouvoir le résoudre ?

Une juste compréhension, d'autre part, n'interdit pas plus d'enseigner autrui qu'elle n'oblige à le faire ; une telle interdiction représenterait une obligation aussi erronée que la première. Mais l'homme qui a compris que sa propre réalisation ne lui est en aucune façon un devoir se borne à répondre si on l'interroge ; s'il prend l'initiative de parler, ce sera seulement pour proposer avec discrétion telles idées, sans éprouver aucun besoin d'être compris. Il est semblable à un homme qui, possédant chez lui quelques nourritures saines en excédent, ouvrirait sa porte ; si tel passant reconnaît ces nourritures et entre pour en user, c'est bien ; si tel autre n'entre pas, c'est tout aussi bien. Nos émotions, nos convoitises et nos peurs, n'ont aucune place dans une juste compréhension.

Hubert Benoit

La vinaigrette philosophico-spirituelle des bobos



Dans Dieu et l’État, Michel Bakounine rappelle les paroles de Voltaire : « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ». Et Bakounine ajoute : « Car, vous comprenez, il faut une religion pour le peuple. C'est la soupape de sûreté ».

Plus loin, Bakounine écrit :

« Il n'y a que deux moyens pour convaincre les masses de la bonté d'une institution sociale quelconque. Le premier, le seul réel, mais aussi le plus difficile, parce qu'il implique l'abolition de l'État — c'est-à-dire l'abolition de l'exploitation politiquement organisée de la majorité par une minorité quelconque —, ce serait la satisfaction directe et complète de tous les besoins, de toutes les aspirations humaines des masses ; ce qui équivaudrait à la liquidation complète de l'existence tant politique qu'économique de la classe bourgeoise, et, comme je viens de le dire, à l'abolition de l'État. Ce moyen serait sans doute salutaire pour les masses, mais funeste pour les intérêts bourgeois. Donc il ne faut pas en parler.

Parlons alors de l'autre moyen, qui, funeste pour le peuple seulement, est au contraire précieux pour le salut des privilèges bourgeois. Cet autre moyen ne peut être que la religion. C'est ce mirage éternel qui entraîne les masses à la recherche des trésors divins, tandis que, beaucoup plus modérée, la classe dominante se contente de partager, fort inégalement d'ailleurs et en donnant toujours davantage à celui qui possède davantage, parmi ses propres membres, les misérables biens de la terre et les dépouilles humaines du peuple, y compris naturellement sa liberté politique et sociale.

Il n'est pas, il ne peut exister d'État sans religion. Prenez les États les plus libres du monde, les États-Unis d'Amérique ou la Confédération suisse, par exemple, et voyez quel rôle important la Providence divine, cette sanction suprême de tous les États, y joue dans tous les discours officiels.

Mais toutes les fois qu'un chef d'État parle de Dieu, que ce soit Guillaume ler, l'empereur knouto-germanique, ou Grant, le président de la Grande République (USA), soyez certains qu'il se prépare de nouveau à tondre son peuple-troupeau.

La bourgeoisie française, libérale, voltairienne, et poussée par son tempérament à un positivisme, pour ne point dire à un matérialisme, singulièrement étroit et brutal, étant devenu, par son triomphe de 1830, la classe de l'État, a dû donc nécessairement se donner une religion officielle. La chose n'était point facile. Elle ne pouvait se remettre crûment sous le joug du catholicisme romain. Il y avait entre elle et l'Église de Rome un abîme de sang et de haine, et, quelque pratique et sage qu'on soit devenu, on ne parvient jamais à réprimer en son sein une passion développée par l'histoire. D'ailleurs, le bourgeois français se serait couvert de ridicule s'il était retourné à l'église pour y prendre part aux pieuses cérémonies du culte divin, condition essentielle d'une conversion méritoire et sincère. Plusieurs l'ont bien essayé, mais leur héroïsme n'eut d'autre résultat qu'un scandale stérile. Enfin le retour au catholicisme était impossible à cause de la contradiction insoluble qui existe entre la politique invariable de Rome et le développement des intérêts économiques et politiques de la classe moyenne.

Sous ce rapport, le protestantisme est beaucoup plus commode. C'est la religion bourgeoise par excellence. Elle accorde juste autant de liberté qu'il en faut aux bourgeois et a trouvé le moyen de concilier les aspirations célestes avec le respect que réclament les intérêts terrestres. Aussi voyons-nous que c'est surtout dans les pays protestants que le commerce et l'industrie se sont le plus développés. Mais il était impossible pour la bourgeoisie de la France de se faire protestante. Pour passer d'une religion à une autre — à moins qu'on ne le fasse par calcul, comme le font quelquefois les Juifs en Russie et en Pologne, qui se font baptiser trois, quatre fois, afin de recevoir chaque fois une rémunération nouvelle —, pour changer de religion, il faut avoir un grain de foi religieuse. Eh bien, dans le cœur exclusivement positif du bourgeois français, il n'y a point de place pour ce grain. Il professe l'indifférence la plus profonde pour toutes les questions, excepté celle de sa bourse avant tout, et celle de sa vanité sociale après elle. Il est aussi indifférent pour le protestantisme que pour le catholicisme. D'ailleurs la bourgeoisie française n'aurait pu embrasser le protestantisme sans se mettre en contra-diction avec la routine catholique de la majorité du peuple français, ce qui eût constitué une grave imprudence de la part d'une classe qui voulait gouverner la France.

Il restait bien un moyen : c'était de retourner à la religion humanitaire et révolutionnaire du XVIIIe siècle. Mais cette religion mène trop loin. Force fut donc à la bourgeoisie de créer, pour sanctionner le nouvel État, l'État bourgeois qu'elle venait de créer, une religion nouvelle, qui pût être, sans trop de ridicule et de scandale, la religion professée hautement par toute la classe bourgeoise.

C'est ainsi que naquit le déisme de l'École doctrinaire.

D'autres ont fait, beaucoup mieux que je ne saurais le faire, l'histoire de la naissance et du développement de cette École, qui eut une influence si décisive et, je puis bien le dire, funeste sur l'éducation politique, intellectuelle et morale de la jeunesse bourgeoise en France. Elle date de Benjamin Constant et de Mme de Staël, mais son vrai fondateur fut Royer-Collard ; ses apôtres : MM. Guizot, Cousin, Villemain et bien d'autres ; son but hautement avoué : la réconciliation de la Révolution avec la Réaction, ou, pour parler le langage de l'École, du principe de la liberté avec celui de l'autorité, naturellement au profit de ce dernier.

Cette réconciliation signifiait, en politique, l'escamotage de la liberté populaire au profit de la domination bourgeoise, représentée par l'État monarchique et constitutionnel ; en philosophie, la soumission réfléchie de la libre raison aux principes éternels de la foi. Nous n'avons à nous occuper ici que de cette dernière.

On sait que cette philosophie fut principalement élaborée par M. Cousin, le père de l'éclectisme français. Parleur superficiel et pédant, innocent de toute conception originale, de toute pensée qui lui fût propre, mais très fort dans le lieu commun, qu'il a le tort de confondre avec le bon sens, ce philosophe illustre a préparé savamment, à l'usage de la jeunesse étudiante de France, un plat métaphysique de sa façon, et dont la consommation, rendue obligatoire dans toutes les écoles de l'État, soumises à l'Université, a condamné plusieurs générations de suite à une indigestion du cerveau. Qu'on s'imagine une vinaigrette philosophique composée des systèmes les plus opposés, un mélange de Pères de l'Église, de scolastiques, de Descartes et de Pascal, de Kant et de psychologues écossais, le tout superposé sur les idées divines et innées de Platon et recouvert d'une couche d'immanence hégélienne, accompagné nécessairement d'une ignorance aussi dédaigneuse que complète des sciences naturelles, et prouvant que deux fois deux font cinq. »

Heidegger et les guerriers de Shambhala

De nos jours, le Victor Cousin des bobos se nomme Fabrice Midal. Il dirige l’École occidentale de méditation dont le grand séminaire estival évoque cette vinaigrette philosophique qui fait sourire Bakounine.

Durant 18 jours et pour 1100 €, Fabrice Midal mélangera Dogen et Heidegger, Descartes et Shunryu Suzuki, Cézanne et Milarépa, Montaigne et Rilke, Kant et Chögyam Trungpa, Diane Arbus et Shantideva sur fond de méditation.

Le principal « plat métaphysique » de Fabrice Midal se trouve dans son texte sur la pensée bouddhique et la philosophie de Heidegger intitulé « Conférences de Tokyo ».

N'est-il pas inquiétant de faire rencontrer les idées de Chögyam Trungpa, gourou tibétain fou et propagateur de la doctrine guerrière de Shambhala, et la philosophie de Heidegger ? Martin Heidegger, ce « Philosophe de « l'être au monde » dont les sectateurs affirment que n'a strictement aucune importance sa propre façon d'avoir « été au monde », c'est-à-dire son adhésion consciente et volontaire au parti nazi à une époque où ce n'était pas encore obligatoire.
Pensée profondément et radicalement réactionnaire qui justifie toutes les formes de fuites irrationnelles dans une auto-exaltation logomachiquement poétique par refus de chercher à dominer une technique qui de toute façon nous dominera. A fait beaucoup de mal. En particulier à Jean-Paul Sartre », affirme Jean-François Kahn.

Une visite à l'ermite de la montagne



Voilà trois heures que nous gravissons le chemin abrupt bordé de genévriers ; nous avons auparavant traversé des prairies couvertes de gentianes bleues et d'edelweiss d'un blanc feutré, avenantes invitations au repos. Le Dritchou, qui prend sa source sur les hauts plateaux tibétains et devient le Yangtsé en Chine, semble déjà très loin, en contrebas, dans la grande vallée qu'il traverse et à laquelle il donne vie. L'air est vif : à 4 500 mètres d'altitude le bleu lumineux du ciel, d'une intensité inconnue dans les plaines, claque sur la clarté des rocs. Nous approchons des grottes où une douzaine d'ermites, moines, nonnes ou pratiquants laïcs mènent sereinement leur vie contemplative dans un silence que seuls troublent parfois, comme pour en souligner la profondeur, le cri d'une marmotte, l'appel rauque d'un grand corbeau ou la mélodie flûtée d'une grive. Le lieu s'appelle la « Prairie de Lotus ». Ainsi que l'écrivait Kaldèn Guiatso, le grand ermite, très révéré de l'Amdo :

Si tu aspires à la solitude des montagnes,
Les grottes accueillantes s'ouvrent à flanc de falaise
Sous des sommets drapés de brume.
Demeurer en ces retraites est source d'une indicible joie,
temporelle et ultime.

Participer à la vie des ermites en subvenant à leurs maigres besoins est une joie pour les nomades des environs. Ils viennent parfois leur rendre visite et leur apportent des provisions : tsampa (farine d'orge grillée], beurre, viande séchée qu'ils déposent à l'entrée de l'ermitage si le méditant est en retraite fermée.

Nous nous approchons de l'une des grottes qui s'ouvre sur une petite corniche ensoleillée. Nos deux guides, un moine du monastère de la vallée et un praticien de médecine traditionnelle tibétaine, connaissent bien les ermites et savent que le retraitant du lieu accepte de recevoir les rares pèlerins de passage. La grotte a été très simplement aménagée : on y a construit quelques murets de pierre pour la rendre habitable. Il faut se courber pour franchir la porte basse qui donne sur une antichambre minuscule. L'inventaire est vite fait : un âtre de glaise, une pile de bois sec, une bouilloire en aluminium et quelques sacs de toile contenant des provisions.

Deux marches, un lourd rideau de toile, et nous sommes en présence de l'ermite. La pièce est faiblement éclairée par une lucarne on peut tout juste se tenir debout en son centre. Sur un côté, un petit autel a été disposé dans la roche noire. De l'autre, un simple mur de pierre enduit de terre et, à même le sol, la couche sur laquelle l'ermite est assis le jour et dort la nuit. À son chevet, sur une étagère rustique, sont empilés des livres enveloppés de tissus multicolores : recueils d'instructions spirituelles, biographies de saints et quelques traités philosophiques. Ils sont constitués de folios oblongs, non reliés, calligraphiés ou imprimés à partir de planches de bois gravées, analogues à celles utilisées à la grande imprimerie artisanale de Dergué.

L'ermite nous accueille avec calme et gentillesse. Il a trente-six ans et est en retraite dans cette grotte depuis quatre ans. Après de nombreuses années d'étude dans un monastère de la vallée, où il a obtenu le titre de khènpo, équivalent d'un doctorat en philosophie, il a ressenti un profond désir de se consacrer à la méditation. Il avait grande hâte de s'éloigner des préoccupations mondaines qui affligent nombre d'entre nous : le gain et la perte, le plaisir et le déplaisir, la louange et le blâme, la renommée et l'anonymat.

Il nous offre du thé - à vrai dire, de l'eau chaude à la surface de laquelle flottent quelques feuilles de thé. Dans cette atmosphère recueillie, les grandes conversations semblent déplacées. Nous nous enquérons de sa santé, échangeons quelques propos sur la pratique spirituelle, et promettons de lui faire parvenir un texte qu'il souhaite avoir et que nous avons réimprimé en Inde. Puis, après avoir partagé son silence pendant quelques instants, nous prenons congé, non sans avoir déposé discrètement une offrande pour l'aider à poursuivre son ascèse. […]

Matthieu Ricard, Tibet, regards de compassion.




Note :

Contrairement à l'affirmation de Matthieu Ricard, le titre de khènpo n'est pas l'équivalent du doctorat de philosophie. On devient khènpo en connaissant parfaitement les dogmes magico-tantriques et mythologiques du lamaïsme. Or la véritable philosophie est née auprès de ceux qui ont, pour la première fois, rejeté les légendes pour expliquer la nature et dire comment le monde est né. « La raison a fait ses premiers pas avec les Milésiens (au début du VIe siècle av. J.-C.) qui ont donné à leur étonnement, non pas l'expression fantasmatique du mythe, mais penseurs rationnels, l'ont transmuée en un véritable questionnement philosophique », rappelle le philosophe Emmanuel Pougeoise.